Les négociations du Rio+20 à l’épreuve des rapports Nord-Sud

SERIE: En direct du sommet de la Terre – Rio+20

Par melanie.mangold Modifié le 22 juin 2012 à 16 h 42

Les négociations du Rio+20 à l'épreuve des rapports Nord-Sud

Le sommet de la Terre qui se tient à Rio du 20 au 22 juin 2012 a deux objectifs majeurs : le passage à l’économie verte et la mise en place d’un cadre institutionnel pour le développement durable. L’enjeu est clair, la résolution  des crises économiques, écologiques et sociales. Toutefois, selon que l’on se situe dans un pays du Nord ou dans un pays du Sud, cette variabilité perturbe le bon déroulement des négociations.

Des négociations au point mort

A ce stade, la question du passage à l’économie verte est le point sensible des négociations.  « Sensible », parce que les blocs en ont deux visions opposées. Pour les pays du Nord, l'économie verte est un moyen de relancer leur croissance ; alors que pour les pays du Sud, elle est un obstacle à leur développement économique.« Sensible », aussi, parce qu'à l'intérieur de ces derniers, il y a des dissensions.

Au nord, l'Union Européenne la soutient avec vigueur alors que les États-Unis et le Canada feignent l'indifférence, soucieux de préserver leur politique énergétique d'exploitation des hydrocarbures en Amériques du Nord. Au sud, la Chine et de nombreux pays du G77 rejettent le principe même d'économie verte alors que le Mexique et la Corée du Sud l'acceptent en le conditionnant.

En ce qui concerne la gouvernance mondiale du développement durable, la création d'une Organisation Mondiale de l'Environnement génère d'autres divisions. Idée portée par le nouveau président français, les négociateurs n'ont pas réussi à s'accorder sur un consensus stable et notamment sur la nécessité qu'elle implique, de réformer le Programme des Nations Unies pour l'Environnement et le Développement durable.

Seulement un tiers des paragraphes du document de travail a été validé par les délégations. Et la reprise en main du cours des négociations par la présidence brésilienne n'est pas parvenue à dissiper le scepticisme, voire la frustration, qui colore l'état d'esprit sur place.

Un point mort, une lueur d'espoir

A la veille de l'ouverture du sommet, des bruits de couloirs laissent entendre qu'il aurait plus d'effets positifs sur la crise écologique s'il était un échec complet ; espérant dans ce cas, l'indignation et la mobilisation de la société civile. Et avec ces dernières, la réappropriation des questions environnementales par les peuples, entendue comme condition préalable et nécessaire à leurs résolutions. Lloyd Russel-Moyle, négociateur au nom de la société civile, affirme que:

« Peu importe ce que le haut décidera, et ce qu'il ressortira du sommet, il ne peut pas y avoir de vrai changement de modèle économique, social, et sociétal, sans la participation active des populations, même et surtout en dehors des grands sommets internationaux comme celui de Rio+20 ».

L'indignation et la mobilisation de la société civile, et en particulier des collectifs jeunes présents à Rio, prennent déjà forme. Soit dans le cadre du sommet et du Major Group of Children and Youth, soit en dehors de lui, par des manifestations. Le 17 juin 2012, plusieurs dizaines de jeunes ont manifesté devant une salle où se réunissait un groupe de travail pour protester contre le retrait d'un paragraphe prévoyant la création d'un Haut Commissaire pour les générations futures. Le 18 juin 2012 au matin, l'Union Européenne a décidé de le remettre sur la table des négociations. Il a été retiré à nouveau en fin de soirée.

Ce mouvement de va-et-vient nous permet toutefois de rester optimiste quant à l'issue des négociations, parce qu'il laisse place à l'inattendu et donc à la possibilité d'un revirement de dernière minute. Même dans ce cas, il ne doit pas nous empêcher de commencer à réfléchir à l'après Rio et d'utiliser trois éléments cruciaux qui serviront de base pour notre analyse : la nouvelle nature de la question environnementale, l'inertie des négociations entre États, et l'implication de la société civile, en particulier de la jeunesse, dans la machine onusienne.

Amine Abdelmadjid et Marceau Guérin

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