La pauvreté alimente la traite d’êtres humains

Femmes, hommes, enfants, bébés… chaque année, 200 personnes tombent entre les mains des trafiquants de personnes en Bolivie. Malgré les dénonciations, ces crimes trouvant racines dans la misère et les inégalités restent presque toujours impunis.

Par Cathy Phouphetlinthong Publié le 7 juillet 2012 à 0 h 23

Femmes, hommes, enfants, bébés… chaque année, 200 personnes tombent entre les mains des trafiquants de personnes en Bolivie. Malgré les dénonciations, ces crimes trouvant racines dans la misère et les inégalités restent presque toujours impunis.

Près de 200 personnes disparaissent par an en Bolivie. Quatre millions disparaissent par an dans le monde. ©A Campaign Disigned To Drop Sales

Des fausses promesses qui mènent à l’esclavage

Certains diront adieu à la lumière du jour et finiront dans les sous-sols de Buenos Aires, vivant et travaillant comme des esclaves dans des ateliers clandestins de confection. D’autres iront grossir les rangs des prostituées envoyées dans les régions minières du Pérou. Presque tous disparaîtront sans que personne ne sache ce qui leur est vraiment arrivé, laissant derrière eux des familles rongées par le doute et la peine.

Cette année 2012, plusieurs centaines de personnes tomberont une fois encore dans les filets des organisations de trafic d'êtres humains. Selon Miguel Gonzales, directeur de la fondation Infante:

« Le problème de la traite doit être perçu comme un fléau lié à des facteurs économiques. Les personnes espèrent améliorer leur situation en partant à l’étranger et deviennent des proies faciles pour les réseaux. »

Les victimes sont attirées par de fausses promesses et des publicités mensongères. Elles sont alors conduites vers l’Argentine, le Pérou, les États-Unis ou l’Europe, soit les principales destinations.

Une justice impuissante

Dans son dernier rapport, l’Observatoire de la Traite et du Trafic dénonce l’exploitation sexuelle à laquelle sont soumises les femmes autochtones boliviennes au Pérou. Les adolescentes sont capturées dans les communautés les plus pauvres, puis envoyées dans les mines du pays voisin.

Au cours des cinq dernières années, plus de 1 000 cas de traite ont été signalés par des victimes en Bolivie. Mais combien n'ont pas vécu assez longtemps pour pouvoir raconter l’enfer auquel ils ont été soumis ?

Les trafiquants effraient leurs victimes en leur disant qu’elles iront en prison pour usage de faux-papiers si elles contactent la police. Alors même que les lois nationales et internationales les protègent dans ces cas là.

Ces réseaux illégaux sont rarement inquiétés: sur 1 000 plaintes déposées, seuls 5 cas ont conduit à un procès et à une sentence.

La génétique relance l’espoir

Elena Mariela Condori, 16 ans, raconte comment sa vie a basculé le 14 septembre 2011, à la maternité de La Paz. Se faisant passer pour un médecin, un homme a pris possession de son bébé, « pour le laver ». Elle ne reverra jamais son enfant.

Les enfants de jeunes toxicomanes, à qui la garde est retirée, disparaissent aussi. Ils n’auront plus jamais de nouvelles de leur progéniture. La misère aidant, les parents se laissent convaincre de vendre leur bébé.

Choqués par la situation, d’autres pays prêtent main forte à la Bolivie. L’identification des victimes grâce à leur ADN permet de lutter contre les adoptions illégales et la prostitution infantile. Plusieurs projets ambitieux sont menés par le Laboratoire d’identification génétique de l’Université de Grenade.

Ces techniques offrent un nouvel espoir aux victimes et permettent parfois aux enfants des rues de retrouver leur famille.

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