Les médecins obligés de choisir quels enfants vont vivre ou mourir

Les pédiatres sud-africains avouent qu’ils ne sauvent pas tous les enfants qu’ils voient. Il leur faut faire des choix, par manque de lits.

Par Cathy Phouphetlinthong Modifié le 19 juillet 2012 à 13 h 22

Les pédiatres sud-africains avouent qu’ils ne peuvent pas sauver tous les enfants qu’ils voient. Il leur faut faire des choix, par manque de lits.

Un des taux de mortalité infantile les pires au monde

En Afrique du Sud, 75 000 enfants de moins de cinq ans meurent chaque année. Parmi eux, 23 000 meurent dans leur premier mois de vie. Les pédiatres des hôpitaux publics en ont mal au cœur. Tous les jours, ils doivent renvoyer un enfant qui a besoin de soins spécialisés vers les services généraux. Le professeur Vic Davies, chargée des soins intensifs pédiatriques et prénataux de l’Hôpital universitaire Charlo Maxeke à Johannesburg, déclare:

"Les enfants meurent car il n’y a pas assez de lits en soins intensifs. Personne ne peut imaginer comme c’est difficile de refuser une admission. Nous avons 14 lits en soins intensifs, pour les nouveau-nés et les enfants. Nous aurions besoin d’une trentaine de plus.”

Pour le professeur Andrew Argent, de l’Hôpital pour enfants Red Cross au Cap, ces inquiétudes ne sont pas nouvelles. Un rapport daté de 2007 en faisait déjà état. Dans cette ville de 3 millions d’habitants, le Red Cross a 20 lits pour les enfants en soins intensifs et l’hôpital de Tygerberg en a 12. Le taux d’occupation de ces lits est de 100%, pratiquement en permanence.

Les bébés admis aux soins intensifs sont ceux qui ont besoin d’un respirateur. Ceux qui peuvent respirer seuls, même s’ils sont dans un état critique, sont renvoyés dans les chambres normales. Cela arrive une ou deux fois par jour.

Diverses raisons à ce problème

Le porte-parole du ministère de la Santé, Fidel Hadebe admet qu’il y a pénurie de lits pour les bébés en soins intensifs. Près de 80% des lits sont pour les adultes. Fidel Hadebe affirme:

"C’est un problème de ressources humaines mains aussi d’infrastructure en général."

Certains préfèrent axer les financements sur les soins de santé primaires plutôt que sur des soins spécialisés qui ne seront que pour “quelques enfants”.  Quant aux pédiatres, il leur faut 14 ans d’études puis 2 de spécialisation en soins intensifs.

Pour le professeur Keith Bolton de l’hôpital Rahima Moosa de Johannesburg:  

"La profession d’infirmière en Afrique du Sud est si mal récompensée que beaucoup l'évitent. Nous en manquons."

La porte parole du syndicat des infirmières, Asanda Fongqo, est d’accord. Elle voit des centaines d’infirmières qualifiées partir à l’étranger chaque année pour trouver de meilleures conditions de travail. Les bacheliers sont peu attirés par la profession. Cela devrait être une priorité pour le gouvernement s’il désire améliorer la situation.

1 commentaire on «Les médecins obligés de choisir quels enfants vont vivre ou mourir»

  • le même problème en Tunisie, à titre d’exemple, dans la capitale Tunis (ville la plus médicalisée) il y a un seul hôpital pour enfants (pour 2millions d’habitants)

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