Pour les plus pauvres, la prison vaut mieux que la liberté?

Fu Daxin, un homme de 70 ans a commis un crime pour aller en prison, où il mange à sa faim. Après sa remise en liberté, un journaliste l’a retrouvé: il regrette les barreaux.

Par Cathy Phouphetlinthong Publié le 23 juillet 2012 à 0 h 13

Fu Daxin, un homme de 70 ans a commis un crime pour aller en prison, où il mange à sa faim. Après sa remise en liberté, un journaliste l’a retrouvé: il regrette les barreaux.

En prison, 3 repas sont servis chaque jour. © Heliocide

Une incarcération volontaire

La prison chinoise n’est pas le pays de cocagne… Surpopulation carcérale, mauvais traitements, déconsidération sociale totale… C’est néanmoins ce qu’a préféré Fu Daxin il y a 4 ans, quand il a agressé une passante devant la gare de Pékin. Armé d’un petit couteau, il l'a menacé pour saisir son sac à main. Quand elle s’est mise à crier, il est resté debout sans réaction et a vu avec plaisir la police arriver. A son procès, alors qu’il était condamné à 2 ans de prison, il se plaignait au juge:

« C’est un jugement trop clément! Réfléchissez-y à nouveau, 2 ans, ça me paraît beaucoup trop court! »

En prison, 3 repas sont servis chaque jour. Fu Daxin a mangé de la viande pour la première fois depuis 5 ans. Il avait un toit tous les soirs et cela lui suffisait. Après avoir connu la misère la plus abjecte, cet homme se trouvait très bien en prison.

Une aide de 76€ par an

Deux ans après sa sortie, des journalistes l’ont retrouvé, amer. Fu Daxin a été placé dans une maison de retraite, s’apparentant plus à un centre pour indigents. Les conditions y sont selon lui pires qu’en prison. S’il le pouvait, il y retournerait volontiers…

La croissance chinoise fait des nouveaux riches chaque jour, et enrichit une classe de privilégiés à un niveau impensable il y a une dizaine d’années. Elle fait aussi de plus en plus de victimes. L’exemple de Fu Daxin rappelle la situation tragique de millions de personnes âgées, sans famille, sans retraite et sans aucun autre moyen de subsister que la mendicité et le crime.

Avant son incarcération, le septuagénaire touchait une aide d’État de 600 yuans par an (76 euros). Soit moins de 1,65 yuans par jour (21 centimes d’euros), pas de quoi se nourrir.

La mise en place d’un système de protection sociale pour les plus démunis - autre que la prison - devient urgente.

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