Messieurs les spéculateurs, on ne joue pas avec la nourriture!

En juin 2012, l’inflation des matières premières alimentaires a atteint 8,9% en Amérique latine. Sur les marchés internationaux, le prix des céréales s’est envolé pour atteindre des maximums historiques. La faute aux spéculateurs de la faim?

Par Cathy Phouphetlinthong Modifié le 16 août 2012 à 10 h 02

En juin 2012, l’inflation des matières premières alimentaires a atteint 8,9% en Amérique latine. Sur les marchés internationaux, le prix des céréales s’est envolé pour atteindre des maximums historiques. La faute aux spéculateurs de la faim ?

Des millions de personnes tombent dans l’extrême pauvreté en raison de l’augmentation du prix des aliments. © Sew Liberated

Les mauvaises récoltes n’expliquent pas tout

Pour mesurer les variations du prix de la nourriture, la FAO a mis sur pied un indice recensant 55 produits alimentaires. Les céréales, le sucre, le lait et la viande y sont notamment répertoriés.

Fin 2011, l’indice des cotisations internationales pour ces aliments dépassait de 63% la moyenne de la décennie 2000-2010.

En Amérique Latine, cette hausse se traduit par un niveau de prix supérieur à celui des 30 dernières années. Pour certains analystes, ce sont là les prémices d’une nouvelle crise alimentaire.

À la mi-juillet, les prix de certaines matières premières comme le maïs et le soja ont flambé pour atteindre leur maximum historique, tandis que le cours du blé a grimpé de 50% en un mois à peine. Les récoltes désastreuses aux États-Unis, frappés par une sécheresse exceptionnelle, y sont pour beaucoup. Cependant, elles n’expliquent pas tout.

La part croissante d’aliments utilisés pour la production de biocarburants pousse elle aussi les prix à la hausse. Néanmoins, les spéculations sur les marchés financiers sont grandement responsables de cette inflation démesurée.

Investissements nocifs

Octavio Errazuriz, représentant du Chili aux Nations Unies, exprime la préoccupation de la Communauté d’États d’Amérique latine et des Caraïbes face aux pratiques spéculatives non contrôlées, en particulier les marchés des « futures ».

Aussi appelés contrats à terme, ces instruments financiers permettent d’acheter à l’avance des produits à un prix fixé. Investissements de prédilections des spéculateurs, ils ont conduit à une volatilité des prix des matières premières agricoles.

La campagne « Banques sous contrôle, on ne joue pas avec la nourriture » menée par l’organisation Vétérinaires sans frontières appelle à une prise de conscience de la part des décideurs.

L’inflation alimentaire explose

« Il suffit de 314 euros d’investissement spéculatif pour pousser une personne à la misère et à la faim. C’est inadmissible de spéculer sur la faim et risquer la vie de millions de personnes. C’est pourquoi nous appelons à une mobilisation citoyenne exigeant des autorités des mécanismes de contrôle capables de mettre un frein à ce scandale. »

En Amérique Latine, l’inflation alimentaire a atteint 8,9% pour le mois de juin, son plus haut niveau de l’année.

L’ONU estime qu’en 2011, 70 millions de personnes dans le monde sont tombées dans l’extrême pauvreté en raison de l’augmentation du prix des aliments.

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