La contrefaçon, facteur d’inclusion sociale ?

Chaque semaine, des centaines de milliers de visiteurs se rendent à Buenos Aires à la Salada, à la recherche de contrefaçons bon marché. Cet immense marché illégal gagne du terrain et irrite les partenaires commerciaux de l’Argentine, mais il permet aux plus pauvres de faire face à l’inflation galopante.

Par GVadmin Modifié le 10 septembre 2012 à 11 h 19
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Chaque semaine, des centaines de milliers de visiteurs se rendent à Buenos Aires à la Salada, à la recherche de contrefaçons bon marché. Cet immense marché illégal gagne du terrain et irrite les partenaires commerciaux de l’Argentine, mais il permet aux plus pauvres de faire face à l’inflation galopante.

Le marché des laissés-pour-compte

Attirés par des prix défiant toute concurrence, les Argentins viennent de loin pour faire leurs emplettes à la Salada, dans la province de Buenos Aires. Il faut dire qu’on trouve de tout sur les milliers de stands de ce marché informel, devenu en quelques années le plus grand du pays et l’un des plus importants du continent.

Les produits phares, ceux que tout le monde vient chercher, ce sont surtout les habits et les chaussures de marques, vendus à des prix imbattables. Et si ces articles de mode sont si bon marché, c’est pour une raison toute simple : il s’agit presque toujours de copies illégales.

Jorge Castillo, l’un des responsables de la Salada, reconnaît qu’un grand nombre de stands proposent des contrefaçons, mais il affirme que la plupart vendent leurs propres produits et insiste sur l’impact positif de ce phénomène :

« La Salada est un endroit où viennent ceux qui n’arrivent pas à boucler les fins de mois. Son rôle principal est social, même si certains tentent de faire croire qu’il est indispensable de falsifier des marques pour vivre. Nous sommes tous des « basanés », des laissés-pour-compte dont les emplois et les ressources économiques ont été sacrifiés au cours des années 90. La Salada a été notre porte de sortie. »

Dans un pays où seules les classes aisées peuvent s’offrir le luxe d’acheter dans les centres commerciaux, la Salada offre une alternative aux personnes les plus démunies. Aujourd’hui, un site internet permet même d’effectuer ses achats en ligne.

Colère des commerçants

Mais le succès de ce marché informel, alimenté par des milliers de petits producteurs dont beaucoup échappent à tout contrôle, n’est pas du goût de tous. Tandis que le modèle de la Salada s’exporte dans d’autres grandes villes du pays, les commerçants traditionnels dénoncent une concurrence déloyale et réclament que tout le monde soit soumis aux mêmes règles fiscales et salariales.

Le phénomène ne passe pas non plus inaperçu hors des frontières du pays. Le Bureau du Représentant américain au Commerce Extérieur (USTR) a fait savoir qu’il considérait la Salada comme un marché illégal et accuse désormais l’Argentine de pratiques déloyales.

Pourtant, rien ne semble devoir freiner l’expansion de la Salada, dans un pays connu pour le laxisme de ses institutions de contrôle, où il n'est pas rare de voir un policier acheter des DVD pirates à bord d’un bus.

Par ailleurs, alors que l’inflation atteint des sommets historiques, les marchés informels constituent aujourd’hui pour de nombreuses personnes une véritable stratégie de survie.

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