Entreprises, ONG et enjeux socio-environnementaux: l’heure de la co-création?

GLOBAL CONFERENCE – Les interactions musclées entre ONG et entreprises sont-elles révolues ? Face aux nombreux défis de développement durable, aujourd’hui, les représentants du monde des affaires et de la société civile travaillent davantage en tandem. Décryptage du phénomène par Jérôme Beilin, Directeur des Programmes aux Ateliers de la Terre, et Jérôme Auriac, Fondateur de Be-Linked.

Par GVadmin Modifié le 25 septembre 2012 à 12 h 22

GLOBAL CONFERENCE - Les interactions musclées entre ONG et entreprises sont-elles révolues ? Face aux nombreux défis de développement durable, aujourd’hui, les représentants du monde des affaires et de la société civile travaillent davantage en tandem. Décryptage du phénomène par Jérôme Beilin, Directeur des Programmes aux Ateliers de la Terre, et Jérôme Auriac, Fondateur de Be-Linked.

Durant des décennies, les grandes entreprises industrielles se sont développées, bien souvent, sans se soucier des conséquences environnementales et sociales de leurs actes. En réponse à l’irresponsabilité du secteur privé, des organisations non gouvernementales apparaissent dès la fin des années 70, parmi lesquelles Greenpeace, Sea Shepherd ou Amnesty International.

Du bras de fer à l’apaisement

Mais les temps changent. La croissance des inégalités sociales sur fond de crises écologiques a bouleversé la donne. «Toute entreprise ayant l’ambition de jouer un rôle de leader responsable dans son secteur d’activité doit travailler main dans la main avec ses fournisseurs et ses sous-traitants, mais aussi avec les associations, les ONG, les syndicats ou encore les collectivités », nous informe Jérôme Beilin, Directeur des Programmes aux Ateliers de la Terre.

Et pour cause : « ces nouvelles méthodes de concertation sont de véritables viviers d’idées et de pistes de réflexion permettant aux entreprises d’imaginer de nouveaux produits ou services ; et de comprendre les grands enjeux sociaux-environnementaux de notre temps », poursuit Monsieur Beilin. Le Groupe Atos a par exemple récemment mis en place, sous l’impulsion de Thierry Breton, un Conseil des Jeunes se réunissant régulièrement avec les cadres dirigeants afin de faire évoluer la stratégie et les services de l’entreprise. En pratique, «ces modèles innovants de coopération entre les entreprises et les différentes parties-prenantes prennent forme par le biais de rencontres physiques ou de méthodes de concertation virtuelles via les réseaux sociaux ou leur site internet. Le cabinet de conseil Be-Linked a développé une série de méthodologies et d’outils originaux afin d’apporter une réponse innovante et transversale aux enjeux de la relation entre les entreprises et les acteurs du secteur à but non lucratif.

Notons que ce rapprochement entreprise-ONG n’est pas pour déplaire à l’opinion publique. Selon une étude de l’IFOP publiée en avril 2009 sur « le jugement des Français sur les partenariats ONG / entreprises» , 92% des français jugent les partenariats entre les ONG et les entreprises légitimes ; 44% les estimant même « tout à fait légitimes ».

Vers une approche de co-création?

Mais ne nous y trompons pas, malgré l’essor de ces collaborations, les associations remplissent plus que jamais leur rôle de garde-fou aux excès du capitalisme souligne Jérôme Auriac, le Fondateur de Be-Linked : «Avec l’essor des nouvelles technologies et des réseaux associatifs, il ne se passe pas une année sans que les entreprises du CAC 40 subissent, de la part d’ONG ou de réseaux associatifs, 5 à 10 interpellations publiques – ou pas – sur leurs pratiques environnementales, d’investissement, de gouvernance ou de transparence ; soit un total de 200 à 400 interpellations par an.»

Faut-il s’étonner de ces chiffres ? Pas vraiment. « Aujourd’hui encore, il est difficile de quantifier et de définir une typologie des collaborations entreprises-ONG, car la majorité des sociétés préfèrent donner de l’argent à des organisations de renom, plutôt que d’élaborer des projets communs nécessitant de répondre à des attentes parfois divergentes», explique Monsieur Auriac.

« Sur les questions de social-business toutefois, un tiers des entreprises du CAC 40, dont Danone, GDF, Total, Renault ou le Crédit Agricole, ont des échelles de collaboration plus développées, car la coopération est intrinsèque à la réussite de ces projets.» En effet, les initiatives d’économie inclusive nécessitent de réétudier de nouvelles formes de production et de distribution, de nouveaux systèmes de coûts, ainsi que le marketing. L’accès aux compétences d’experts issus du milieu associatif est souvent incontournable.

La mobilisation citoyenne, facteur de  co-construction

Au niveau global, «si l’échec de Rio+20 qui s’est tenu en juin dernier a engendré une grande déception et une immense frustration chez les militants environnementaux, les ONG et les associations, pour autant, le Sommet de la Terre représente un véritable point de départ pour des nouvelles méthodes de concertation», affirme Jérôme Beilin. Pour la première fois à Rio+20, les différentes parties-prenantes ont participé à l’élaboration du texte de négociations soumis à l’examen des chefs d’Etats. Et les citoyens du monde entier se sont massivement mobilisés avant et pendant le sommet de Rio ;

Pour le Directeur des Programmes aux Ateliers de la Terre : «ces événements marquent le triomphe de la co-construction face à un mode de penser et d’agir désormais désuets.» Et d’ailleurs, «face à l’immobilisme des Etats et des gouvernements, internet et les réseaux sociaux sont de formidables outils au service de l’action citoyenne. La mobilisation citoyenne, comme force pour le changement, n’en est qu’à ses balbutiements », termine t-il.

Ecrit par Sonia Eyaan

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