Le vol de déchets électroniques, lucratif mais polluant

En temps de crise, les appareils électriques et électroniques usagés recèlent des trésors attirant la convoitise de recycleurs peu scrupuleux. Les sites de collectes sont systématiquement mis à sac, tandis que substances toxiques et métaux lourds finissent dans la nature.

Par Octavia Tapsanji Publié le 30 octobre 2012 à 0 h 10

En temps de crise, les appareils électriques et électroniques usagés recèlent des trésors attirant la convoitise de recycleurs peu scrupuleux. Les sites de collectes sont systématiquement mis à sac, tandis que substances toxiques et métaux lourds finissent dans la nature.

Les usines de retraitement manquent de matière première

À Madrid, ville qui compte 16 points de recyclage où les particuliers peuvent venir déposer leurs déchets électriques et électroniques, on estime que 70 % des réfrigérateurs et des téléviseurs sont victimes d’un « désossage » illégal avant d’être récupérés.

Les professionnels du recyclage dénoncent des pratiques qui mettent à mal leur activité et les empêchent de traiter de manière adéquate les composants dangereux présents dans les appareils.

Car si ces déchets recèlent effectivement des métaux et des composants précieux, ils contiennent aussi des substances extrêmement nocives pour l’environnement comme les gaz fluorés des réfrigérateurs, l’amiante, les piles, le plomb et le mercure.

La plupart des points de collecte ne sont pas surveillés et le vol généralisé de ces appareils a aussi des conséquences financières importantes.

« Certaines usines de traitement des déchets d’appareils électroniques et électriques supportent de lourds investissements pour opérer en toute légalité et ne reçoivent pas les déchets », s’indigne Luis Palomino, secrétaire général de l’Association des entreprises gérant les résidus et les ressources spéciales (ASEGRE).

Selon lui, les voleurs désossent les appareils pour en extraire les métaux précieux, sans se soucier des substances toxiques qui sont rejetées dans la nature sans aucune forme de contrôle.

Une menace pour les emplois verts

Leonardo Díaz gère un site de retraitement à Aznalcóllar, à Séville, et n’hésite pas à parler de réseaux organisés qui vivent du saccage des points de collecte :

« Presque 90 % des déchets qui nous parviennent depuis les points de recyclage ont été complètement cannibalisés. » L’acier, le cuivre et l’aluminium disparaissent, les voleurs ne laissant derrière eux que des carcasses sans aucune valeur.

Les professionnels du traitement des déchets soulignent l’impuissance des municipalités concernées, qui manquent cruellement de moyens pour lutter contre ce phénomène et craignent de voir disparaître les emplois verts créés par ces entreprises.

Aujourd’hui seuls 30 % des appareils électroniques sont retraités correctement en Espagne, alors que la réglementation européenne prévoit un taux de 45 % de recyclage de ces déchets d’ici 2016, et de 65 % en 2019.

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