Pourquoi Mexico devra puiser son eau à 2000 mètres sous terre

Les géologues s’aventurent à des profondeurs inédites pour assurer l’approvisionnement en eau de la vallée de Mexico au cours des prochaines décennies. Une opération de la dernière chance qui évitera que la ville ne continue de s’enfoncer dans le sol, en puisant dans des nappes trop proches.

Par Octavia Tapsanji Publié le 17 novembre 2012 à 0 h 13

Les géologues s’aventurent à des profondeurs inédites pour assurer l’approvisionnement en eau de la vallée de Mexico au cours des prochaines décennies. Une opération de la dernière chance qui évitera que la ville ne continue de s’enfoncer dans le sol, en puisant dans des nappes trop proches.

Des échantillons prometteurs

Loin, très loin sous terre, se cachent probablement d’immenses réserves d'eau douce qui pourraient mettre un terme à l’un des pires casse-tête qu’ait connu Mexico depuis près d'un siècle : l’approvisionnement en eau.

Commencées en 2011, les opérations de forage ont déjà permis d’atteindre une profondeur de 1800 mètres et les derniers échantillons d’argile prélevés se révèlent très prometteurs. Selon Marco Alfonso González, géologue à l’Université nationale autonome de Mexico, le sous-sol de la ville renfermerait un aquifère suffisamment important pour offrir de l’eau douce au cours des 30 années à venir.

L’information devrait être confirmée d’ici un mois lorsque le forage aura atteint 2000 mètres, la profondeur maximale prévue pour le projet.

Selon les estimations disponibles, les coûts d’extraction de cette nouvelle réserve seraient 15 à 20 fois supérieurs à ceux des forages traditionnels, dont la profondeur est généralement comprise entre 80 et 300 mètres.

Éviter que la ville ne s’enfonce encore

La technique reste néanmoins très avantageuse par rapport à l’unique alternative dont dispose à l’heure actuelle la ville de Mexico, qui consiste à faire venir l’eau douce depuis des vallées voisines. Une partie du précieux liquide est acheminée depuis les bassins de Temascaltepec, dans l’État de Mexico, et de Pánuco, dans l’État de Veracruz. Mais les coûts économique et écologique de ces opérations sont difficilement soutenables.

Bâtie sur un ancien lac, Mexico puise également de l’eau douce dans les nappes phréatiques situées sous la ville. Malheureusement, l’absence de renouvellement de ces réserves a conduit à un spectaculaire affaissement du sol de la ville, dont l’altitude a baissé de plusieurs mètres au cours du dernier siècle.

L’exploitation de la nouvelle nappe phréatique pourrait mettre un frein à ce phénomène, comme l’explique Juayek Sotelo, un autre expert :

« Les deux nappes phréatiques étant séparées, nous pensons que l’aquifère enfermé à grande profondeur ne devrait pas avoir d’impact sur le manteau superficiel, et qu’il sera possible au cours des prochaines années d’éviter l’enfoncement de la ville. »

L’usage rationnel de l’eau reste de rigueur

Si les résultats escomptés sont au rendez-vous le mois prochain, les forages devraient continuer afin de créer deux ou trois puits supplémentaires à la même profondeur. Les géologues estiment que le sous-sol de la vallée de Mexico pourrait renfermer un immense aquifère capable de fournir suffisamment d’eau à la ville pendant tout un siècle.

Ramón Aguirre, directeur du Système d’eaux de la ville de Mexico (SACM), insiste cependant sur la nécessité de sensibiliser les habitants de Mexico à la problématique de l’eau :

« Nous sommes en train de changer l’histoire de l’approvisionnement de la ville, même s’il faut préciser qu’il ne s’agit pas d'une solution définitive au problème de pénurie de la région. L'exploitation de cette nouvelle ressource devra s'accompagner de programmes intensifs d’économie de l’eau. »

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