Des prothèses à partir d’arêtes de morue

Que faire des nombreux restes de la morue, principal poisson consommé au Portugal ? Un partenariat entre une entreprise et une unité de recherche a trouvé une réponse, ou plutôt, plusieurs…

Par Octavia Tapsanji Modifié le 28 novembre 2012 à 10 h 43

Que faire des nombreux restes de la morue, principal poisson consommé au Portugal ? Un partenariat entre une entreprise et une unité de recherche a trouvé une réponse, ou plutôt, plusieurs…

Mettre les épines de morue au four

Un groupe de chercheurs de l’Ecole Supérieure de Biotechnologie de l’Université Catholique de Porto a chauffé des épines de morue à des températures allant de 600 à 1250°C et a obtenu une “poudre blanche”, un composé d’hydroxyapatite (un phosphate de calcium qui est le principal composant des os humains et animaux) qui peut servir à produire des prothèses osseuses et dentaires, entre autres applications possibles.

Paula Castro, une des responsables du projet de recherche explique que le « composé d’hydroxyapatite ainsi obtenu est de source naturelle alors qu’auparavant il était le fruit d’une synthèse chimique de phosphore et calcium”.

Un peu comme pour une recette de cuisine, il suffit d’ajouter un ingrédient différent avant de mettre les épines au four pour obtenir des composés différents. Par exemple, “nous pouvons introduire du fluor dans la composition de l’hydroxyapatite et nous obtiendrons alors un matériau plus approprié pour la réalisation de prothèses dentaires.” Si l’ingrédient supplémentaire est le chlorure, le résultat sera adapté au secteur électronique, si c’est du titane, il servira au secteur de l’environnement, etc…

Il est déjà possible de trouver des produits commerciaux d’hydroxyapatite faits à partir de sources naturelles, notamment bovine ou d’algues. Cependant, aucun résultat ou projet connu ne concerne l’application de poissons.

Un projet à dimension environnementale

“Le traitement de la morue génère des quantités élevées de sous-produits, de l’ordre de 40%. Nous parlons de milliers de tonnes d’épines par an qui peuvent désormais être utilisées pour l’extraction et la production de composés de haute valeur ajoutée”.

Paula valorise en outre le levier environnemental du projet. “La société utilise de plus en plus de phosphore, remettant en cause sa disponibilité à l’avenir. Il est ainsi intéressant de pouvoir réutiliser du phosphore à partir d’une source naturelle”.

L’hydroxyapatite peut aussi être utilisée pour traiter les eaux usées, notamment pour retirer des métaux lourds comme le plomb, ou pour dégrader des polluants organiques, comme les colorants.

Le processus de production obtenu en laboratoire a déjà été breveté. Reste maintenant à démontrer qu’il est possible de transformer cette “recette” et cette “opportunité d’innovation” à grande échelle pour une production industrielle.

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