Le chocolat bio, nouvel or noir des Indiens d’Amazonie

Pas question de toucher au pétrole du parc Yasuní, protégé grâce à un engagement de non-exploitation. Mais la Réserve de biosphère recèle un autre trésor, bien plus profitable pour les communautés autochtones : un cacao cultivé au cœur de la jungle, qui s’introduit peu à peu sur les marchés les plus exigeants.

Par Octavia Tapsanji Publié le 12 décembre 2012 à 0 h 18

Pas question de toucher au pétrole du parc Yasuní, protégé grâce à un engagement de non-exploitation. Mais la Réserve de biosphère recèle un autre trésor, bien plus profitable pour les communautés autochtones : un cacao cultivé au cœur de la jungle, qui s’introduit peu à peu sur les marchés les plus exigeants.

Développer au lieu d’exploiter

Pour préserver la biodiversité amazonienne, le gouvernement de Rafael Correa n’a pas hésité à prendre une décision inédite : renoncer à exploiter les immenses réserves d’hydrocarbures du sous-sol de la Réserve de biosphère Yasuní. En contrepartie, la communauté internationale s’engage à verser une compensation financière, destinée en priorité à des projets locaux de développement durable.

Parmi ces initiatives, la culture de cacao biologique apparaît comme l’une des plus prometteuses, en permettant de préserver à la fois l’environnement et le mode de vie des communautés autochtones de la forêt.

Le goût du terroir amazonien

La qualité exceptionnelle de cette matière première permet de produire un chocolat noir amer contenant 60 % de cacao de variété « Nacional », une espèce endémique d’Équateur. Baptisé Ecokao, le chocolat bio de la réserve de Yasuní se distingue par son arôme délicat et ses notes fruitées et florales.

Cultivé non loin des berges du fleuve Napo, un affluent direct de l’Amazone, le cacao offre une activité à six communautés de l'ethnie Kichwa. Au total, près de 400 agriculteurs se sont formés aux techniques de la production durable et écologique au cours des trois dernières années.

Des bonnes pratiques contrôlées par la Fondation équatorienne Préservation et Développement, qui encourage la culture en « chacras ». Ce terme désigne des petites parcelles traditionnelles, cultivées à l’ombre d’autres espèces sylvestres.

Selon les spécialistes de la fondation, ce type d’exploitation est l’une des rares activités agricoles à la fois respectueuse de l’environnement et rentable sur le plan économique. Elle permet surtout d’offrir des ressources aux populations locales sans bouleverser leur mode de vie et leurs traditions.

Une nouvelle technique de séchage naturel

L’ONG Préservation et Développement travaille depuis 1997 avec des producteurs de tout le pays et explique que les cultures de cacao ombragées représentent un véritable refuge pour la biodiversité. Elles abritent près de 43 % de la faune de la région, et 25 % des espèces d'oiseaux.

Le séchage des fèves de cacao constitue une autre étape essentielle de la production. Soumis aux aléas climatiques, le séchage naturel au soleil se révèle souvent inefficace, tandis que le séchage utilisant du gasoil contamine la récolte. Grâce à des bâches thermiques normalement utilisées pour la production de fleurs d’altitude, l’ONG a mis au point une nouvelle méthode extrêmement efficace. Stockées sous des tentes rudimentaires emmagasinant la chaleur du soleil, les fèves peuvent désormais sécher même par temps pluvieux.

En s’engageant à ne pas toucher au pétrole de Yasuní, qui représente pourtant 20 % des réserves de brut du pays, l’Équateur offre un nouvel or noir aux habitants des forêts, et l’espoir de continuer à vivre en harmonie avec leur environnement.

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