Un projet de loi répand la terreur

Le parlement ougandais a ressorti un projet qui prévoyait la peine de mort pour quiconque aura eu des relations homosexuelles – ou l’intention d’en avoir.

Par Octavia Tapsanji Publié le 14 décembre 2012 à 0 h 29

Le parlement ougandais a ressorti un projet qui prévoyait la peine de mort pour quiconque aura eu des relations homosexuelles – ou l’intention d’en avoir.

Un projet de loi anti-gays

La députée Rebecca Kadaga a déclaré qu’il n’y avait pas de place pour les gays dans la culture ougandaise. Elle a ressorti un vieux projet de loi surnommé « Tuez les gays », qu’elle veut voter pour l’offrir « comme cadeau de Noël » à son pays.

Le projet avait été proposé en 2009. Il prévoyait la peine de mort pour les personnes qui avaient des relations sexuelles avec des personnes du même sexe, des mineurs ou des handicapés. Mais les pays occidentaux avaient menacé l’Ouganda de lui couper les fonds. Or le pays dépend lourdement de l’aide étrangère.

Puis David Kato, un militant homosexuel, s’est fait assassiner début 2011, après que le magazine Rolling Stone ait publié à la une 100 portraits d’homosexuels et leur adresse sous le titre « Tuez les gays ». Sa mort fit scandale dans la communauté internationale. Par conséquent, le président Yoweri Museveni avait décidé de laisser expirer le projet de loi.

Une version légèrement différente

Un des membres du parlement, Meldad Lubega Sseggona, explique :

 “ On a enlevé la peine de mort du texte … Désormais il s’agit de quelques années de prison ou la prison à perpétuité pour le coupable de relations homosexuelles».

La version actuelle prévoit aussi de condamner à 3 années de prison celui qui ne dénoncerait pas un acte homosexuel.

Une militante, Julian Pepe Onziema, qui travaille avec l’ONG Sexual Minorities Uganda, essaie de sensibiliser le grand public aux dangers de passer cette loi.

« A part les gens très informés, nombreux sont ceux qui croient que le projet de loi est déjà une loi : nous sommes donc des criminels aux yeux du public. Nous voulons que ce projet disparaisse complètement, pas la prison à perpétuité. C’est pourquoi nous voulons alerter l’extérieur».

Les militants qui ont déjà fait du bruit lors de la version précédente se cachent, car ils ont peur d’être assassinés. Gerald Ssentongo ose à peine parler de la cause qu’il défend :

Quand nous sommes en groupe ou qu’on mentionne le sujet, les gens commencent à murmurer, et nous avons peur des lynchages. Nous ne sortons plus. Je n’ai même pas de voiture pour être moins reconnaissable. Nous avons besoin de l’assistance de la communauté internationale pour arrêter cette violation des droits de l’homme”.

Récemment, suite à une affaire de corruption de plusieurs millions de dollars, le Royaume Uni, la Norvège, le Danemark, l’Allemagne et l’Irlande ont suspendu leur aide à l’Ouganda.

Pour le porte-parole du gouvernement ougandais, Fred Opolot Opolot, le gouvernement défend le projet de loi :

 “Il ne faut pas vous en préoccuper. Il n’y a plus de peine de mort dans le projet, et les Ougandais ont le droit de gérer ce problème qui affecte leur pays”.

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