Fin du monde Maya et début des bénéfices pour les professionnels du tourisme

Banquets, réunions religieuses, loteries… Malgré les démentis des archéologues expliquant que les Mayas n’ont jamais prévu d’apocalypse, la prophétie attire des millions de visiteurs dans le sud du Mexique, où des entrepreneurs avisés proposent tout et n’importe quoi.

Par Stacy Aubenas Publié le 19 décembre 2012 à 0 h 25

Banquets, réunions religieuses, loteries… Malgré les démentis des archéologues expliquant que les Mayas n’ont jamais prévu d’apocalypse, la prophétie attire des millions de visiteurs dans le sud du Mexique, où des entrepreneurs avisés proposent tout et n’importe quoi.

Les plus grands chefs se donnent rendez-vous le 21 décembre

Reconnue pour ses avancées dans le domaine de l’astronomie et des mathématiques, la civilisation maya a laissé derrière elle des calendriers dont la complexité étonne encore aujourd’hui. Mais les spécialistes sont formels : les Mayas n’ont jamais prévu de catastrophe. Ils mentionnent tout au plus la fin d’un cycle et le début d’une nouvelle ère.

L’opinion des experts n’a pourtant pas empêché le gouvernement mexicain de profiter de l'intérêt mondial généré par la date du 21 décembre 2012, auprès d’un public friand de cataclysmes et de prophéties mystiques.

À travers un programme baptisé Monde Maya, le Mexique a lancé une intense campagne de promotion de l’évènement en Europe et aux États-Unis. Celle-ci s’est déjà traduite par une augmentation significative du nombre de touristes dans la région autrefois occupée par cette civilisation millénaire, qui couvre principalement le sud du Mexique et le Guatemala.

À Mérida, la capitale du Yucatán, tous les moyens sont bons pour attirer les visiteurs et l’on organise un banquet baptisé Dîner de la Fin du Monde qui sera servi le 21 décembre 2012.

Pour 390 dollars, les convives pourront déguster des plats préparés par des cuisiniers de renommée mondiale tels que René Redzepi, Alessandro Porcelli, Curtis Duffy et Enrique Olvera.

Le tirage de la fin du monde

Dans la ville de Mexico, c’est le constructeur français Renault qui incite ses clients à « conserver un souvenir agréable de la fin du monde » en achetant pour l’occasion son nouveau modèle Duster avec un crédit sans frais et un an d’assurance offerte.

La loterie nationale n’est pas en reste et organise de son côté un tirage spécial fin du monde, mettant en jeu plus de 600 000 dollars tous les mois.

La dimension spirituelle de l’évènement n’est pas oubliée non plus, et à Tapachula, dans le Chiapas, les rencontres religieuses se sont succédé pour expliquer les liens entre la Bible catholique et les prophéties mayas.

Néanmoins, la palme du marketing de l’apocalypse revient aux organismes de promotion du tourisme international. Il y a deux ans déjà, le secrétaire au Tourisme de Campeche annonçait clairement ses intentions :

« Nous allons bombarder le monde au niveau touristique avec la prophétie maya annonçant une possible fin de l’humanité. »

Une stratégie qui a payé au-delà de toute attente. L’objectif initial était d’attirer 52 millions de visiteurs en 18 mois, or ils étaient 62 millions en août dernier, et devraient totaliser 80 millions d'ici la fin de l'année.

Malhonnêteté intellectuelle

Au cours des derniers mois, près de 3000 touristes étrangers ont également entrepris des démarches auprès de l’Institut national migratoire (INM), dans le but de pouvoir rester plusieurs mois sur place.

Si le programme de promotion est un véritable succès pour le secteur du tourisme, il soulève cependant quelques critiques.

Certains spécialistes estiment notamment qu'il est malhonnête de démentir les prophéties tout en les utilisant à des fins commerciales, et déplorent qu’une culture millénaire soit exploitée dans le seul but de favoriser un groupe d’entrepreneurs.

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