Ils passeront Noël sous une plaque d’égout…

Par Stacy Aubenas Modifié le 24 décembre 2012 à 9 h 32

Pour Miguel et sa femme, les fêtes de fin d'année sont l’occasion de décorer leur logis et de perpétuer les vieilles traditions. Malgré la précarité de leur lieu de vie, situé dans les égouts de la ville de Medellin, ils s’efforceront de célébrer l’évènement du mieux qu’ils peuvent.

© Foto Prensa Libre: AFP

Un abri de 2 x 3 mètres

Tous les ans, lors du réveillon, Miguel Restrepo brûle un mannequin de papier de la taille d'un homme qui représente l’année écoulée, comme le veut la coutume. Les lumières de Noël brillent déjà sur les murs de sa maison, située dans la capitale de la province d’Antioquia, à Medellín, à 250 kilomètres de Bogotá.

Rien de plus normal pour cet homme âgé de 63 ans, au corps mince et au visage buriné. À un détail près : la maison de Miguel est installée sous une plaque d’égout, au beau milieu de la chaussée, et ne mesure que deux mètres de large pour trois de haut.

Cela fait 21 ans qu’il occupe cet abri souterrain autrefois destiné aux eaux usées, depuis qu’il a perdu son travail de chiffonnier consistant à recycler des bouteilles et des canettes métalliques.

« C’est vous les fous ! »

Aujourd’hui, il y vit avec sa femme María García, et leur chien, Negrita. Au fil des ans, ils ont équipé leur refuge insolite : un lit, un petit téléviseur et un ventilateur leur procurent un peu de confort, mais ils doivent tout de même descendre et se hisser dans leur « trou » à la force des bras.

« Personne n’est jamais venu m’aider, personne. Au début j’avais seulement droit aux visites des policiers qui voulaient me déloger pour m’emmener à l’asile. Mais je leur disais c’est vous les fous, moi vivant, je ne partirai pas d’ici. »

La moitié de la population vit sous le seuil de pauvreté

Au cours de la journée, Miguel part travailler comme gardien de voiture dans la rue pour récolter quelques pourboires, tandis que María fait des ménages. Ils ferment alors leur abri en replaçant la plaque d’égout qui leur sert de toit et affirment ne jamais avoir été cambriolés.

Comme tant d’autres de ses compatriotes, Miguel Restrepo se débrouille comme il peut pour survivre et se loger. Dans un pays où près de la moitié des 46 millions d’habitants vivent sous le seuil de pauvreté, il suffit souvent de quelques bouts de bois et de sacs plastiques pour se construire un abri de fortune.

Miguel rêve de gagner un jour au loto et de partir en vacances sur la côte avec sa femme et son chien, mais il ne se plaint pas :

« Je suis très bien dans ma maison. J’ai même réussi à résister aux tempêtes. Il ne me reste plus qu’à la peindre. Je vais voir si je peux la peindre l’année prochaine », dit-il en regardant les murs.