Grâce au réchauffement, les patates pourraient doubler de volume

Les résultats d’une étude prévoyant une croissance démesurée des patates douces liée à l’augmentation des concentrations de CO2 peuvent paraître réjouissants. Néanmoins, les spécialistes péruviens craignent une forte diminution de leurs propriétés nutritives.

Par Octavia Tapsanji Publié le 24 janvier 2013 à 0 h 50

Les résultats d’une étude prévoyant une croissance démesurée des patates douces liée à l’augmentation des concentrations de CO2 peuvent paraître réjouissants. Néanmoins, les spécialistes péruviens craignent une forte diminution de leurs propriétés nutritives.

Quelle concentration de CO2 en 2100 ?

Aliment de base dans de nombreuses régions tropicales, la patate douce focalise l'attention des chercheurs. Les travaux d’une équipe multidisciplinaire de l’université d’Hawaï ont permis de mettre en évidence la grande sensibilité de ce tubercule aux concentrations de CO2 atmosphérique.

Les scientifiques ont étudié la croissance d’une variété de patate douce sous quatre environnements différents. Dans le premier, le taux de CO2 est identique à celui que nous connaissons actuellement, soit 352 ppm (parties par million). Pour les trois autres, la concentration augmente, passant successivement de 763 ppm à 1108 ppm, et enfin à 1515 ppm.

Selon les experts du GIEC, le taux de CO2 atmosphérique devrait être compris entre 500 et 1000 ppm d’ici à la fin du siècle, mais les prévisions sont susceptibles d’être révisées à tout moment. Nul ne sait vraiment jusqu’où les concentrations pourront grimper.

Ces changements auront un impact important sur les cultures de patates douces : sous atmosphère à 763 ppm, la croissance des tubercules a en effet augmenté de 96 %.

Les protéines disparaissent

Reste à savoir si les qualités nutritionnelles de la plante sont conservées. Dans le cas du blé, du riz ou encore de l’orge, des études antérieures ont révélé une baisse de 15 % des teneurs en protéines lorsque la concentration de CO2 était doublée.

D’autres paramètres sont à prendre en compte, comme la valeur calorique, ainsi que la teneur en fibres, en sucres et en minéraux.

Au Pérou, où pomme de terre et patate douce sont cultivées depuis près de 10 000 ans, on s’intéresse de près aux conséquences du changement climatique sur ces tubercules devenus indispensables à l’alimentation d’une grande partie de la population mondiale.

De l’eau pour se rafraîchir

Gabriela Burgos dirige le Laboratoire Qualité et Nutrition du Centre international de la pomme de terre (CIP) :

« Au CIP, nous essayons d’améliorer les qualités nutritionnelles des variétés de patates douces et de pommes de terre, mais si leur taille se met à augmenter dans quelques années, leur contenu nutritionnel risque d’être dilué. »

Pour Wolfgang Gruneberg, généticien au CIP, le danger viendra surtout de l’élévation des températures :

« Les plantes ont besoin d’eau pour se rafraîchir, or les sécheresses frappent un grand nombre de régions tropicales. Le problème ce n’est pas tant le CO2, mais la chaleur qu’il provoque. »

Pour tenter de déterminer quels niveaux de température la patate douce pourra supporter, Wolfgang Gruneberg cultive une multitude de variétés issues de la banque génétique du CIP, la plus complète au monde, dans les zones les plus chaudes du nord du Pérou.

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