Pollution, les pékinois préfèrent en rire

Le niveau de pollution atteint des sommets depuis quelques jours dans la capitale chinoise. Les habitants, qui se fient plus aux données de l’ambassade américaine qu’aux chiffres officiels, inondent les hôpitaux… et essayent de garder le moral.

Par Stacy Aubenas Publié le 31 janvier 2013 à 0 h 31

Le niveau de pollution atteint des sommets depuis quelques jours dans la capitale chinoise. Les habitants, qui se fient plus aux données de l’ambassade américaine qu’aux chiffres officiels, inondent les hôpitaux… et essayent de garder le moral.

Un niveau inhabituel de pollution

700 microgrammes de particules fines (PM 2.5) par mètres cube, record battu. C’est ce qu’ont indiqué les mesures de l’ambassade américaine en Chine la semaine dernière. Ces mesures, qui font rager les autorités chinoises, sont plus élevées que celles données par les autorités municipales, qui tout de même reconnaissent le niveau inhabituel de pollution actuel.

Le niveau déclaré comme convenable par l’OMS est de 25 microgrammes par mètre cube. Le même organisme place à 500 microgrammes le seuil où la concentration de particules fines devient dangereux pour la santé. Niveau que Pékin a donc allègrement dépassé la semaine dernière.

Résultat : les hôpitaux ne désemplissent pas, les enfants toussent et les étrangers parlent de plus en plus de rentrer chez eux. Les Pékinois, qui ne peuvent pas faire grand-chose, préfèrent plaisanter : « ce qui est rassurant, c’est qu’on n’est pas les seuls. A peu près toutes les grandes villes du nord est du pays sont concernées ! » répètent-ils à l’envi. « Non, Pékin n’est plus une ville terreuse de paysans » écrivent certains sur les capots des voitures que recouvrent quelques millimètres de poussière jaune.

La toux pékinoise

Les étrangers vivant dans la capitale, qui depuis longtemps parlent de la ‘toux de Pékin’ (les nouveaux arrivants sont souvent pris de toux chroniques, qui ne disparaissent qu’après le retour au pays), haussent les épaules. On est habitué aux nuages jaunes, aux vols annulés pour manque de visibilité et aux records de pollution. Et à vrai dire, on devrait plus parler de ‘toux chinoise’ que de ‘toux pékinoise’.

La vague de critique qui vise les autorités de la ville semble vouloir manier l’ironie pour faire progresser les choses. Cependant, les médias officiels semblent déjà prendre la contre-offensive. Les déclarations de Pan Xiaochuan, chef de la faculté de santé publique à la prestigieuse université de Pékin (Beida), ont par exemple été reprises par toute la presse : « le concept même de ‘toux de Pékin’ est une insulte pour la ville. Beaucoup de facteurs peuvent mener à la toux : cigarette, mauvaises habitudes alimentaires et consommation exagérée d’alcool, … rien ne prouve que les toux des nouveaux arrivants dans la capitale sont liées à la pollution ». Par contre, tout semble indiquer que la plupart des Chinois trouvent ces déclarations de la plus haute hypocrisie…

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