L’environnement : un projet pour l’éducation au 21e siècle

Lorsque Jean-Jacques Rousseau appelait « éducation positive celle qui tend à former l’esprit avant l’âge, et à donner à l’enfant la connaissance des devoirs de l’homme », il soulignait toute l’importance de l’éducation dès la tendre enfance.

Par Vincent Pichon Modifié le 4 février 2013 à 10 h 37

Lorsque Jean-Jacques Rousseau appelait « éducation positive celle qui tend à former l’esprit avant l’âge, et à donner à l’enfant la connaissance des devoirs de l’homme », il soulignait toute l’importance de l’éducation dès la tendre enfance. Et dans ce domaine, ce qui vaut ici à l’échelle de l’individu vaut encore plus à l’échelle d’une nation. Car s’il est un investissement qui conditionne à la fois la cohérence, la pérennité et le progrès d’une nation dans le temps tout en s’abstrayant de toute logique de rentabilité, c’est bien l’éducation.Qu’elle figure parmi les priorités du gouvernement est de prime abord louable. Mais au-delà des moyens mis en œuvre dans le cadre de la réforme de l’éducation du Ministre Vincent Peillon, se pose la question de la vision que l’on souhaite insuffler à l’école. Pour réformer et restaurer cette institution en profondeur, redonnons-lui toute l’importance qu’elle mérite. Pour cela, confions-lui une mission qui transcende sa fonction première. Et quelle plus belle mission que de confier à l’école le soin de renforcer la France face aux défis climatiques et environnementaux à venir ?

En modifiant un équilibre climatique sur le fil du rasoir, en bouleversant les écosystèmes, en puisant toujours plus profondément dans les entrailles de la Terre les ressources nécessaires à son expansion, jamais l’Homme n’aura constitué une aussi grande menace que pour lui-même. Jamais il n’aura autant été déconnecté des réalités naturelles. Le génie de l’Homme pourrait bien causer sa perte, mais tant son orgueil que son ignorance semblent l’avoir jusqu’ici aveuglé. Dès lors, renoncerions-nous à cet investissement indispensable, l’éducation, pour créer un nouveau modèle de société, porteur de davantage d’espoirs et de sens que d’illusions, et nécessairement bâti sur une économie positive qui restaure le capital naturel au lieu de le détruire ?

Pour se donner les chances de créer un véritable sursaut volontaire et non contraint, et ainsi enclencher la mutation de nos sociétés et de nos économies, la puissance de l’enseignement doit être pleinement exploitée. Inculquer très tôt, et de manière adaptée à chaque âge l’urgence climatique et environnementale ainsi que les formidables opportunités qu’elle sous-tend pour renouer avec le progrès de l’homme en harmonie avec son milieu, permettra de former des générations d’entrepreneurs, de politiques, de scientifiques et de consommateurs responsables et visionnaires qui, demain, seront aux commandes de nos sociétés et de nos économies. Des classes élémentaires jusqu’au cycle supérieur en passant par le collège-lycée, l’enseignement de ces problématiques n’a pas seulement sa place, il est un devoir d’une nation éclairée envers ses citoyens. Un travail de sensibilisation a heureusement déjà commencé, mais il faudrait aller beaucoup plus loin.

Pourquoi ne pas adapter la formation des enseignants et transformer les programmes de Sciences de la Vie et de la Terre, de Physique, de Géographie et d’Histoire, d’Economie et d’Education civique en y intégrant les problématiques climatiques et environnementales de manière systématique et systémique ? Ce qui est formidable, c’est justement que ces problématiques ne peuvent être appréhendées qu’à la croisée de toutes ces matières. Et il serait au combien surprenant de voir à quel point les jeunes générations pourraient vite se passionner pour elles et ainsi appeler de leur vœux, à l’avenir, des changements profonds que nos démocraties peineraient à imposer aujourd’hui.

« Les maîtres d’école sont des jardiniers en intelligences humaines » disait Victor Hugo. Cultivons donc ces intelligences pour les mettre au service d’une transition écologique tant nécessaire et ainsi renouer avec le vrai sens du progrès. Utilisons l’éducation comme un tremplin pour accélérer l’avènement d’une économie positive, seule à même de créer un « contrat social et naturel ». A l’heure de la disette, il serait surprenant de passer à côté du trésor que nous offre la jeunesse.

Vincent Pichon

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