Les conditions des travailleurs agricoles en Floride ou l’esclavagisme moderne ?

Avec un salaire qui n’a pas augmenté en 30 ans, les cueilleurs de tomates en Floride vivent une véritable exploitation en étant payé 50 centimes par panier de 15kg ramassés. Les Etats-Unis sont montrés du doigt.

Par Stacy Aubenas Publié le 13 février 2013 à 0 h 16

Avec un salaire qui n’a pas augmenté en 30 ans, les cueilleurs de tomates en Floride vivent une véritable exploitation en étant payé 50 centimes par panier de 15kg ramassés. Les Etats-Unis sont montrés du doigt. 

L’exploitation de travailleurs étrangers

Pour chaque panier de 15kg de tomates que Leonel Perez récolte sur les terres agricoles de Floride, il reçoit un salaire de 50 centimes par panier.

« Ce salaire n'a pas changé depuis plus de 30 ans » explique le travailleur d’origine étrangère.

Un rapport publié ce mois-ci par le Center for Progressive Reform souligne la dégradation des conditions de travail aux États-Unis. Dans ses conclusions, il indique que l'industrie agricole compte beaucoup sur les « travailleurs étrangers » (ou des contrats de courte durée) pour permettre aux employeurs de payer des salaires extrêmement bas et contourner les règlementations. Ce qui explique pourquoi les données du Bureau of Labor Statistics montrent qu'un ouvrier agricole meurt au travail chaque jour et que des centaines d'autres sont blessés.

Mr Perez fait partie de la Coalition des Travailleurs d'Immokalee, un groupe de travailleurs agricoles immigrés en Floride, qui se bat pour des salaires équitables et de meilleures conditions de travail. En échangeant en direct avec le journaliste Jacob Soboroff  sur le site de HuffPost Live, Mr Perez a déclaré que lui et ses collègues sont forcés d'endurer un travail dans des conditions effroyables,  pour un salaire annuel moyen de seulement 10 000$ US.

« Chacun de nous a fini pour développer un système pour que cette situation précaire fonctionne malgré tout, pour subsister ;  et il n'y a vraiment personne d’autre pour faire ce travail » explique-t-il.

Plainte à l’ONU

Les avocats représentants cette coalition de travailleurs agricoles ont déposé une plainte auprès de l'Organisation des Nations Unies en décembre dernier, alléguant que les travailleurs immigrants se sont vu refuser l'accès à l'aide juridique, aux soins de santé et d’autres besoins de base. La plainte de 62 pages affirme que « les États-Unis sont complices de violation des droits humains sur cette population qualifiée de vulnérable. »

Plus de la moitié des travailleurs agricoles américains sont des immigrés sans papiers. Mais selon un rapport de l'Université de Californie-Davis, cette main d’œuvre diminue au fur et à mesure que s'enrichit le Mexique.

La réforme sur l’immigration empirerait la situation

Le lobby agricole espère que la refonte de la réforme de l'immigration proposée cette semaine permettra aux agriculteurs américains d’embaucher plus facilement les travailleurs dont ils ont besoin. Mais avec les nombreux droits dont les immigrants sont bafoués, cette réforme pourrait aggraver la situation.

Rena Steinzor, président du Center for Progressive Reform, explique au HuffPost Live que l'industrie n'a pas besoin d’une réforme sur l'immigration mais d'organismes, comme le ministère de l'Agriculture, pour surveiller de façon plus constante et sérieuse les conditions de travail pour donner aux travailleurs les ressources dont ils ont besoin.

« Le ministère de l'Agriculture accepte trop souvent ce que le Farm Bureau ou  les entreprises fermières veulent », a déclaré Mr Steinzor.  « Il interfère avec d'autres parties du gouvernement. L'administration Obama a les moyens de pouvoir surmonter ces obstacles. Je ne parle pas d’une réforme de l'immigration ... Je parle de mettre ces agences sur le terrain, qu’elles accomplissent leur travail et fassent appliquer la loi ».

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