Earthtalent : « vivre sa pluralité ici et maintenant dans l’entreprise»

Co-création, solidarité, authenticité, humanisme : des valeurs aujourd’hui encore peu explorées dans le monde du travail… Pour Earthtalent, ces mots représentent précisément le socle de l’entreprise de demain.

Par Octavia Tapsanji Modifié le 27 février 2013 à 10 h 33

Co-création, solidarité, authenticité, humanisme : des valeurs aujourd’hui encore peu explorées dans le monde du travail… Pour Earthtalent, ces mots représentent précisément le socle de l’entreprise de demain.  

Vas, agis et deviens

«Le talent, ça n'existe pas. Le talent, c'est d'avoir l'envie de faire quelque chose.» Assurément Monsieur Jacques Brel, surtout lorsqu’il s’agit d’agir pour les autres. Et c’est précisément pour révéler le potentiel créatif et solidaire du plus grand nombre que le programme Earthtalent, réseau social interne au groupe Bolloré, a vu le jour en 2008. Car oui, vous ne rêvez pas. À rebours des images corrosives du monde du travail qui font les choux gras des médias, des femmes et des hommes exerçant au sein du groupe Bolloré se mobilisent au quatre coin du monde, sous la houlette de Earthtalent, au profit des populations nécessiteuses. En amont, « ce laboratoire humaniste» les incite à soutenir et valoriser des projets sociétaux lancés par des structures locales dont la mission est de promouvoir l’autonomisation de la femme; faisant ainsi écho à l’objectif du Millénaire n°8. En aval, Earthtalent apporte aux projets plébiscités par un jury, une contribution financière, stratégique  et médiatique.

«Du déjà-vu», affirmeront les ayatollahs de l’innovation sociétale. Tant mieux, répond Dorothée Van der Cruyssen, fondatrice et présidente d’EarthTalent. « Nous n’avons pas la prétention de révolutionner l’entreprise, mais  la volonté d’encourager les multinationales à se développer durablement en offrant aux collaborateurs l’opportunité de déployer leurs talents et leurs compétences».

Human to Human

Car au-delà des initiatives solidaires, ce sont des histoires humaines qui se racontent et se vivent sur la plateforme web du programme. Celle de Christiane Wea, Chef de service Assurance pour la filiale SDV Cameroun, qui fonde l’association Alpha Éducation en 2010 en prenant conscience de la situation particulièrement difficile des jeunes de son quartier. L’association «propose à de jeunes diplômés du supérieur, touchés par le chômage, de dispenser des cours à des élèves du primaire ou du cycle élémentaire».  C’est aussi l’histoire de Prashant Sharma. Un père de famille indien qui troque fréquemment son costume de Business Development Assistant Manager chez SVD Inde pour celui de parrain de l’association BLESS. Il espère ainsi « faciliter l’accès au travail des femmes vivant dans les campagnes de New Dehli.» Et aux Philippines, pays où l’avortement est illégal, Lucy Reyes – Senior Customer Service chez SDV Philippines – ne cache pas sa joie d’être la marraine d’un programme de soutien matériel et psychologique, lancé par Norfil Foundation Inc, destiné aux jeunes femmes célibataires souvent rejetées par leur famille.

«Opération séduction estampillée Bolloré» clameront les plus dubitatifs.« trop facile» rétorque Madame Van der Cruyssen. « Certes, nous avons le soutien du groupe, mais l’initiative est portée par  les individus qui le compose.»

L’implication et l’aspect communautaire que ce projet crée dans les différentes entités du groupe participant au programme est formidable. « Ces liens transgressent un peu les relations conventionnelles entre patrons et employés.» Car comme le soulève Thérèse Ouedraogo, Ambassadrice du projet au Burkina Faso, EarthTalent facilite « le partage des expériences communes, pas celles liées à notre fonction, mais celles de la vie courante

Et ça marche ! En quatre ans, le réseau social interne Earthtalent multiplie les membres d’années en années, 40 pays en ligne, plusieurs porte parole (6 ambassadrices) dans les pays à forte affluence. L’édition 2010-2011 a révélé 40 projets solidaires en faveur de l’autonomisation des femmes au Burkina Faso, Mali, Cameroun, dont 10 projets sont soutenus pendant 3 ans, et régulièrement suivis.

En 2012, l’édition eu lieu en Asie, les Philippines et  l’Inde ont rejoint l’aventure avec 6 nouveaux projets.

L’éveil à la co-création

A bien y regarder, le succès rencontré par cette «Tour de Babel 2.0» pose une question fondamentale : que recherchent aujourd’hui les personnes au sein d’une entreprise? Agglutinés dans des open space où la culture du résultat est omniprésente, «la plupart des individus attendent aujourd’hui plus qu’un virement salariale ou les félicitations  de leur patron », souligne Dorothée Van der Cruyssen. Dans un lieu où l’on passe le plus clair de son temps, les collaborateurs aspirent à «vivre leur pluralité ici et maintenant », ajoute-elle. La démarche n’est donc pas seulement vertueuse, ni même responsable.  « L’individu est multiple et  surinformé, offrant un éventail grandissant de compétences. Il entend profiter de tous ses dons. » Par don on entend un ou des talents intra ou extra professionnel pour  construire son chemin et/ou sa vision d’un monde différent   « C’est en invitant la richesse des individus à la table de la Co-construction d’un futur utile et performant, que l’entreprise multinationale se positionnera avec justesse, pertinence, et efficacité», conclue la fondatrice d’Eartht@lent, qui croit davantage à l’action qu’aux promesses.

In fine, en ces temps où les dirigeants sont étrillés par la crise économique, loin du paternalisme d’antan ou des luttes néo-marxistes, la co-création solidaire est une excellente nouvelle pour le monde de l’entreprise. Miser la majorité de ses billes sur la croissance est toujours une option… L’Homme encouragé à réaliser ses rêves, lui ne fluctue pas.

A bon entrepreneur, salut!

Francesco Naye

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