Malgré les menaces, elle continue le combat de sa sœur.

Depuis 2 ans, Laisa dos Santos Sampaio vit sous tension à cause de menaces de mort permanentes. L’éducatrice ne cache pas sa crainte suite aux nombreux messages anonymes lui demandant de se taire, mais elle poursuit le combat que menait sa sœur, Maria do Espírito Santo Silva, et son beau-frère, José Cláudio Ribeiro da Silva, assassiné en mai 2011, à Nova Ipixuna (Etat du Pará).

Par Octavia Tapsanji Publié le 11 mars 2013 à 0 h 38

Depuis 2 ans, Laisa dos Santos Sampaio vit sous tension à cause de menaces de mort permanentes. L’éducatrice ne cache pas sa crainte suite aux nombreux messages anonymes lui demandant de se taire, mais elle poursuit le combat que menait sa sœur, Maria do Espírito Santo Silva, et son beau-frère, José Cláudio Ribeiro da Silva, assassiné en mai 2011, à Nova Ipixuna (Etat du Pará).

Maria do Espirito Santo et son mari Jose Claudio Ribeiro da Silva ©AFP

La déforestation de l’Amazonie en toile de fond

Ce combat est celui de la défense des petits agriculteurs et de la distribution des terres en Amazonie. Laisa ne cache pas sa déception suite à la décision de l’INCRA (Institut National de Colonisation et Réforme Agraire) de concéder à l’épouse de José Rodrigues Moreira, accusé d’être le commanditaire du double crime, la propriété du lot de terres qui a conduit au conflit puis à la mort des écologistes.

L’enquête démontre que Moreira souhaitait occuper une zone achetée illégalement pour 100 000 reais (40 000 euros), en 2010. L’agriculteur prétendait y faire de l’élevage, mais n’a pas réussi à expulser trois familles vivant sur ces terres sous la protection de José Cláudio et Maria. C’est pourquoi il aurait commandité leur meurtre. Il aurait ensuite demandé à des membres de sa famille de venir occuper les lots de terre. La Fédération des Travailleurs Agricoles a dénoncé ces agissements.

Pour les ONG, permettre l’occupation serait « récompenser le commanditaire de l’assassinat brutal des deux leaders locaux ».

 “Ce qui me fait mal c’est de savoir que ces gens ont été protégés par les autorités et par la loi. Il est très difficile de supporter cette connivence avec le mal”, affirme Laisa.

Sur son site, l’Incra informe que le processus administratif d’Antonia Nery (la femme de l’accusé) n’est pas encore terminé et qu’elle n’a pas encore été reconnue officiellement comme la bénéficiaire du programme de réforme agraire. La Superintendance de Marabá se serait même aperçue en février 2013 que l’épouse de Moreira ne pourrait recevoir le lot vu que son mari est en situation d’interdiction légale. Elle a donc demandé à Procureur la restitution du bien.

Seule contre tous

Tant que la décision n’est pas officiellement annulée, Laisa supporte les risques et les menaces de celle qui lutte pour préserver la forêt la plus dévastée du Brésil. La répercussion de son action la met dans une situation délicate. “Les gens retournent contre moi tout ce qui sort dans les journaux.”

Plus la date du jugement (3 avril) approche, plus le climat se tend. Les gens la préviennent des risques qu’elle encourt. Par peur de représailles, elle évite tout commentaire sur l’affaire. “Je pourrais perdre mon travail.”

Plus la répercussion de l’affaire augmente au Brésil et à l’étranger, plus les menaces sont font pressantes. “J’entends encore des messages disant que je dois mourir, et encore plus depuis que mon nom a été cité dans un rapport d’Amnistie Internationale où j’affirme vouloir continuer le combat de ma sœur.”

Dans son village, les habitants sont de plus en plus nombreux à ne plus vouloir qu’elle enseigne à l’école. “C’est comme si j’étais devenue la seule à ramer contre le courant.” Laisa a bien essayé d’obtenir une protection policière mais ses demandes n’ont jamais abouti. “Je n’ai que la protection de Dieu”, souffle-t-elle.

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