Après le commerce équitable, le commerce antidrogue ?

Un nouveau label international devrait voir le jour afin d’encourager les producteurs de substances illicites à se tourner vers des cultures légales mieux rémunérées. Le principal objectif est l’éradication des plantations de coca, mais l’idée intéresse d’autres pays et pourrait se propager à l’Afrique et à l’Asie.

Par Stacy Aubenas Publié le 20 mars 2013 à 0 h 44

Un nouveau label international devrait voir le jour afin d’encourager les producteurs de substances illicites à se tourner vers des cultures légales mieux rémunérées. Le principal objectif est l’éradication des plantations de coca, mais l’idée intéresse d’autres pays et pourrait se propager à l’Afrique et à l’Asie.

Les consommateurs occidentaux pourront se donner bonne conscience

La 56ème session dela Commission des stupéfiants de l’ONU qui s’est tenue à Vienne du 11 au 15 mars a été l’occasion pour l’Équateur de proposer la création d’un label international destiné à lutter contre la culture de substances illicites.

Calquée sur le modèle du commerce équitable, cette certification permettrait de mieux rétribuer les paysans disposés à abandonner la production de coca pour se consacrer à des cultures alternatives.

Rodrigo Vélez, secrétaire équatorien du Conseil national de lutte contre les stupéfiants, estime que les consommateurs des pays développés, principaux acheteurs de drogues, seraient prêts à payer un peu plus cher pour « se donner bonne conscience ».

Un label de « développement alternatif préventif »

Pour que le projet réussisse, il est nécessaire que les produits proposés soient de bonne qualité et offrent une valeur ajoutée suffisante pour pouvoir concurrencer la coca. Le fonctionnaire équatorien mise sur une double motivation de la part des cultivateurs :

« En premier lieu, le fait de ne pas se consacrer à une activité illicite, et de ne pas être poursuivi par les forces de l’ordre. Mais nous devons aussi réduire le fossé existant entre les revenus provenant d’activités illégales et ceux provenant d’activités légales. »

Le « Label de développement alternatif préventif » serait délivré en prenant en compte plusieurs critères, comme la provenance d’une région où ont lieu la culture, l’élaboration ou le trafic de produits stupéfiants.

Le projet initial cherche à appliquer ce système aux régions andines où est cultivée la coca, mais l’intérêt de divers pays d’Asie et d’Afrique pour cette initiative a amené les membres de la Commission à considérer son extension à l’échelle mondiale.

La limitation de la demande reste au cœur du problème

Tandis que l’idée fait son chemin au sein des organismes des Nations unies, l’Équateur et la Colombie ont décidé de mettre en place une expérience pilote sur leur territoire, liée à la production de cacao.

Selon Rodrigo Vélez, ce projet de développement alternatif pourrait permettre de réduire la surface des cultures de 30 % au sein des quatre pays andins producteurs de coca :

« Nous notons de l’intérêt, de la motivation et un besoin de la part des paysans, qui ont vraiment envie de rentrer dans un cadre légal. »

Le responsable équatorien souligne cependant la nécessité de mener d’autres types d’action en parallèle, en particulier pour éviter un simple déplacement des zones de culture.

Il insiste également sur l’importance des politiques centrées sur le contrôle de la demande, afin de ne pas réduire la lutte contre la drogue à une simple interdiction au niveau de la production.

Pour Rodrigo Vélez, les méthodes les plus efficaces pour réduire la consommation de stupéfiants restent la prévention et l'éducation.

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