Réparer dans la joie et la bonne humeur

Mon premier est un lieu de réparation. Mon second une atmosphère conviviale, avec des gens prompts à discuter ou à échanger un sourire. Mon tout est le ‘Repair Cafe’, une initiative venue des Pays-Bas qui tend à se ramifier en Belgique et dans le monde.

Par Mathieu Viviani Modifié le 19 avril 2013 à 11 h 42

Mon premier est un lieu de réparation. Mon second une atmosphère conviviale, avec des gens prompts à discuter ou à échanger un sourire. Mon tout est le ‘Repair Cafe’, une initiative venue des Pays-Bas qui tend à se ramifier en Belgique et dans le monde.

©Jan Nils Schubert

De grandes tablées sont dressées; les tournevis et machines à coudre ont remplacé fourchettes et couteaux. Les discussions vont bon train. On circule, on observe. On s’interpelle, bière à la main. Et après avoir rigolé un bon coup, on se concentre à nouveau sur son objet à réparer: une tronçonneuse, une console Nintendo ou un jean troué. Dans la salle d’à côté, les gens attendent leur tour. Ticket numéroté à la main, ils papotent tout en buvant un café. Un monsieur s’énerve. Le temps d’attente serait-il trop long ? Peu importe, ce comportement reste singulier et semble rapidement noyé dans la bonne humeur générale.

Vous voici au ‘Repair Cafe’ d’Ixelles, un autre cousin dans la famille des initiatives citoyennes bruxelloise contre le gaspillage. Comme son nom l’indique, le lieu est consacré à la réparation de son bric-à-brac. Mais attention, ici c’est vous qui réparez, chapeautés bien sûr par un bénévole expert en la matière. Curieux d’en apprendre plus, je me rends donc sur place et rencontre l’un des co-initiateurs du projet, Jean-Bernard Rauzer. Et pendant qu’il avale un bol de soupe, il me raconte l’histoire de ce premier café de réparation proprement belge.

Et pourquoi pas moi ? De l’idée à l’action.

Nous sommes en Mai 2012. Depuis trois ans, le concept des ‘Repair’ Cafe’ fait son bout de chemin aux Pays-Bas, qui l’a vu naître. L’idée encore une fois est simple : on s’aide entre voisins à réduire le gaspillage en donnant une seconde vie à des objets cassés. Séduit par le concept, Jean-Bernard décide alors de l’importer dans sa terre natale : « Je me suis dit : pourquoi, je ne le ferais pas ? Et cette idée ne m’a pas quitté de la journée. Du coup, j’en ai parlé avec Sophie (Quinet), qui était aussi partante. »

C’est ensemble donc, que les deux Bruxellois décideront de se rendre à Maastricht pour voir ce qu’il en est pratiquement. Une occasion aussi pour eux de rencontrer l’initiatrice originelle, Martine Postma. Et une fois le feu vert donné, la graine semée peut commencer à germer. « Le pas n’était pas dur à sauter, explique Jean-Bernard. On a tranquillement mis en place la chose. »

Ainsi, l’été 2012 sera consacré à capter l’attention des médias. S’ajoute aussi l’écriture d’un manifeste distribué dans les boites aux lettres. Résultat : le message passe et une soixantaine de bénévoles sont prêts à s’investir dans ce nouveau projet, dont un noyau dur d’environ 25 membres réguliers. Parmi eux des professionnels, mais aussi de simples gens qui savent user de leurs petits doigts pour accomplir des miracles. Des personnes "prêtes à donner du temps"  pour enseigner à leur prochain qu’une réparation vaut souvent mieux qu’un nouvel achat (surtout quand elle est gratuite).

Entre développement durable et convivialité

Ce qui m’aura particulièrement marqué dans cet atelier improvisé, c’est la bonne ambiance qui y règne. Une ambiance qui plane tout d’abord dans la cafétéria. Ticket en mains, les gens attendent leur tour dans l’un des ateliers à disposition (électronique, ordinateurs, couture et vélo). Certains commencent  même à démonter leur machinerie dans ce salon, venu se greffer au projet en cours de route.

« Avant, nous n’avions pas d’espace d’attente. Cela mettait une grande pression sur les réparateurs. L’idée est vraiment de développer un lieu convivial. »

Cette convivialité se poursuit aussi au sein de l’atelier, portée par une équipe des bénévoles enthousiaste et hétéroclite. Une équipe qui, malgré l’absence de rémunération matérielle, retire de ce projet une grande « gratification au niveau humain ». Et ce, tout en contribuant au développement durable. Quant à mon interlocuteur d’ajouter en prenant pour exemple l’industrie automobile : « C’est dingue ce qu’on consomme ! On nous parle du réchauffement de la planète et à côté de ça, on continue à fabriquer énormément de voitures. »

Une critique parée par ce joyeux brouhaha, qui englobe bénévoles, demandeurs de réparation et autres curieux. Ceux qui, comme moi, n’ont rien à réparer mais pointent le bout de leur nez par curiosité et restent subjugués par ce chouette projet. Discussions intéressantes assurées !

Place à l’action: mode d’emploi !

Pour commencer un atelier dans sa région, rien de plus simple. Il suffit de contacter le réseau « Repair Cafe », adopter leur logo et leur nom, puis trouver une salle et des bénévoles. Vous rejoindrez alors cette grande famille, qui n’a de cesse de s’agrandir en Europe et dans le monde (une initiative est en train de se lancer en Australie).

Et sachez qu’à coté du "Repair Cafe" qui se tient une fois par mois dans le ‘centre communautaire flamand’, d’autres initiatives commencent à fleurir. Parmi eux, l’ouverture récente d’un atelier à Mollenbeck, ainsi qu’un autre prévu à Schaerbeck. Sans compter une dizaine de projets qui se lancent à travers la Belgique. L’avenir de la récup’ s’organise !

Jan Nils Schubert

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