Pour la légalisation de la vente des cornes de rhinocéros

En 2012, les braconniers ont tué 668 rhinocéros en Afrique du Sud. En 2013, ce nombre atteint déjà 203. Pour certains, la solution est de légaliser la vente.

Par Mathieu Viviani Publié le 2 mai 2013 à 0 h 16

En 2012, les braconniers ont tué 668 rhinocéros en Afrique du Sud. En 2013, ce nombre atteint déjà 203. Pour certains, la solution est de légaliser la vente.

© William Scott

Ne plus interdire le commerce

À ce rythme, les pachydermes risquent d’avoir disparu à l’état sauvage d’ici 20 ans. Certains activistes et fermiers possédant des rhinocéros voudraient obtenir la disparition de l’interdiction internationale du commerce de corne de rhinocéros afin de faire disparaître le braconnage. Duan Biggs, de l’Université du Queensland, en Australie pense qu’ “on tue les rhinocéros pour rien. On peut les endormir pour leur couper la corne sans aucun risque.”. La corne de rhinocéros est faite de kératine et peut repousser après avoir été coupée. De plus, on pourrait, pour 200 dollars, placer des signaux ADN repérables sur les cornes afin d’empêcher les cornes braconnées de rentrer sur le marché légal.

Pour lui, cela calmerait le braconnage. Un marché régulé sévèrement pourrait répondre à la demande asiatique persistante, ceci à moindre coût, tout en diminuant les risques pour les clients qui ne se frotteraient plus aux criminels. Les acheteurs quitteraient le marché noir.

Pour Michael ‘t Sas-Rolfes, un chercheur spécialiste de la corne de rhinocéros, “les criminels vendent beaucoup d’autres choses. Si la corne devient non rentable, alors ils se tourneront vers autre chose ». Une organisation centrale de vente pourrait contrôler le marché et vendre les cornes aux acheteurs enregistrés. Une partie des bénéfices pourraient financer des initiatives de protection. Pendant les années 1980, l’industrie du cuir de crocodile s’est tournée vers les élevages durables. Les massacres d’animaux sauvages ont cessé.

Tout le monde n’est pas d’accord

Mais le débat fait rage. Les opposants pensent que cela stimulerait le marché noir qui existe en Asie où le kilo de corne se vend 65 000 dollars, plus que l’or ou la cocaïne. Ils disent que la légalisation pourrait enfler la demande de cornes de rhinocéros à un point où le marché ne pourrait plus répondre. Un marché noir existerait en parallèle du marché légal. C’est le cas des abalones, un coquillage gravement menacé par le braconnage en Afrique du Sud.

Mary Rice, de l’Agence environnementale d’investigation, explique que les ventes en ivoire illégales en Chine ont explosé après que le gouvernement l’ait acheté légalement en Afrique en 2008. Le gouvernement l’achetait à 157 dollars/kg et le revendait à 1 500 dollars. Les prix peuvent même aller jusqu’à 7 000 dollars parfois, selon Mary Rice. Mais 90 % de l’ivoire en Chine reste illégal. Ainsi, “ l'ivoire légal est plus cher à l'achat que l’illégal. Cela a pour effet de favoriser un maximum braconnage ”, conclut-elle.

Pour Allison Thomson, directrice du groupe Outraged SA Citizens Against Poaching, la légalisation du commerce d'ivoire serait trop risqué : “Nous n’avons aucune idée de ce que serait la demande en cas de légalisation. Elle pourrait exploser et on ne pourrait plus du tout la freiner.”

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