L’effondrement d’un immeuble d’usines de textile inquiète sur les pratiques des sociétés occidentales

Alors que des représentants d’ouvriers avaient alerté à plusieurs reprises sur la vétusté du bâtiment, le ‘Rana Plaza’ s’est effondré sur 3500 travailleurs des 5 usines de textile qu’il abritait. De quoi inquiéter sur les pratiques des sociétés de prêt-à-porter qui se fournissaient auprès de ces usines.

Par Mathieu Viviani Modifié le 3 mai 2013 à 10 h 59

Alors que des représentants d’ouvriers avaient alerté à plusieurs reprises sur la vétusté du bâtiment, le ‘Rana Plaza’ s’est effondré sur 3500 travailleurs des 5 usines de textile qu’il abritait. De quoi inquiéter sur les pratiques des sociétés de prêt-à-porter qui se fournissaient auprès de ces usines.

© Sharat Chowdhury

Des drames industriels fréquents

Plusieurs grandes marques ont reconnu se fournir auprès d’usines qui étaient installées dans le ‘Rana Plaza’. La plus célèbre, l’espagnole Mango, fait ainsi œuvre d’honnêteté. On ne peut pas en dire autant de Benetton, qui est fort soupçonné de traiter avec ces usines : des Tee-Shirt étiquetés ‘United Colors of Benetton’ ont ainsi été retrouvés dans les décombres de l’immeuble. Pourtant, la marque italienne continue de nier son implication.

Le Bangladesh, second exportateur mondial de textiles, connaît les drames industriels. L’année 2011 a ainsi été marquée par une série de catastrophes dans les chantiers de démantèlement de navires étrangers. Cette industrie rejetée par les pays occidentaux, est le second pilier de l’économie de ce pays qui lutte contre la pauvreté. Ces mois derniers, pas moins de 5 accidents dans des confections ont fait des centaines de victimes. Mais l’effondrement du Rana Plaza est bien la pire des tragédies industrielles du pays.

Des avertissements fondés mais non écoutés

Des fissures importantes dans des murs porteurs et des colonnes inquiétaient le personnel depuis plusieurs mois. Des représentants des ouvriers avaient jusqu’à la veille du drame réclamé que les usines déménagent et n’utilisent plus ce bâtiment vétuste. Mais le propriétaire du bâtiment, Sohel Rana, a déclaré le 23 avril, veille de la catastrophe, que « ce bâtiment pourra fonctionner encore plus de 100 ans ». Il a fait venir un ‘ingénieur’ véreux qui a garanti la sécurité du bâtiment. Les responsables des usines installées dans le Rana Plaza ont forcé les ouvriers à rejoindre leurs postes de travail.

Malgré ces assurances, le bâtiment s’est donc effondré le mercredi 23 avril. Selon des témoins, plus de 3500 personnes étaient dans le bâtiment au moment de la catastrophe. 2500 personnes ont été évacuées Pour l’instant, le bilan fait état de près de 400 morts, 1000 blessés graves, plus de 600 personnes sont encore portées disparues. Les recherches ont été interrompues dimanche 28, les secours n’espérant plus trouver de survivants.

Des ouvriers scandalisés

La catastrophe a été suivie de violences de la part d’ouvriers scandalisés. Elle pourrait déclencher une vive polémique puisque le propriétaire Sohel Rana est encarté au parti politique au pouvoir. Le bâtiment ayant été construit en contravention de tous les règlements de sécurité existants, la pression était forte pour que le gouvernement rende des comptes. Après plusieurs jours de cavale, Rana a été arrêté dimanche 28 alors qu’il tentait de traverser la frontière avec l’Inde. Cela va peut être permettre aux esprits de se calmer un peu. Mais la polémique sur les marques de prêt-à-porter occidentales qui se fournissent auprès d’usines aussi irrespectueuses de leur personnel ne fait que commencer. Gageons que leurs chartes et leurs politiques de responsabilité sociale seront observées avec  attention.

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