Des changements de mentalité très lents au sujet des filles

Entre 2001 et 2011, le taux d’inscription des filles du Niger à l’école est passé de 29 à 63 % selon le Ministère de l’Education – en dépit d’une forte opposition culturelle et religieuse qui persiste.

Par Octavia Tapsanji Publié le 3 juin 2013 à 0 h 51

Entre 2001 et 2011, le taux d'inscription des filles du Niger à l'école est passé de 29 à 63 % selon le Ministère de l'Education  - en dépit d'une forte opposition culturelle et religieuse qui persiste.

©hdptcar

Un effort de groupe

Il y a à peine dix ans, moins d'un tiers des petites filles du Niger allaient à l'école. De nos jours, elles sont presque deux tiers à s'y rendre. Cette amélioration est due aux efforts des autorités administratives et traditionnelles, aux professeurs, aux parents, et à la société civile qui ont fait de la sensibilisation à ce sujet.

 Les activistes profitent souvent des mariages et des baptêmes pour faire de la sensibilisation, mais certaines personnes font du porte à porte.

“J'ai tapé à la porte de ceux qui refusent d'éduquer leurs filles, parce que dans le passé, j'en faisais partie. Mais j'ai compris que c'était important et j'ai inscrit 2 des miennes (sur 5)" déclare Maman Zakari, une marchande à Maradi.

L'UNICEF soutient plusieurs initiatives, par exemple la distribution de documents pour les professeurs qui font de la sensibilisation. Et les femmes qui décident d'envoyer leurs filles à l'école reçoivent un peu d'argent pour lancer leur propre petite affaire.  Le déséquilibre entre les filles et des garçons n'est pas encore comblé, pourtant. Les garçons sont scolarisés à 86%.

Une culture traditionnelle et ... sexiste

Mais dans les zones rurales, on croit souvent que l'école est un facteur déstabilisant pour les filles, qui sont seulement destinées à être de bonnes épouses et de bonnes mères.

“Même dans les familles où les filles sont scolarisées, les parents ne s'intéressent qu'aux garçons. Les filles servent seulement à porter de l'eau, faire la lessive et la cuisine, jusqu'à ce que leur famille leur choisisse un mari", explique Nana Hadiza, qui fait partie d'une association de société civile qui veut encourager l'accès universel à l'éducation.

La campagne a reçu un coup dur en novembre quand des religieux et des associations de femmes musulmanes ont opposé un projet de loi destiné à garder les filles à l’école. Ils s'opposaient surtout à un article qui prévoyait que tout parent qui accorderait la main d’une écolière sans le consentement préalable d’un juge serait passible d’une peine d’entre 6 mois et deux ans de prison, et/ou une amende de 1000 à 2000 dollars.  Selon les traditionnalistes, ceci n’est pas acceptable dans un pays où la population est musulmane à 99%.

“L’Islam donne aux parents les droits et l’autorité sur leurs enfants. Un père n’a pas besoin de la permission d’un juge pour donner sa fille en mariage” déclare Malam Abdou Garba, de Niamey.

“Le projet de loi doit être modifié pour être conforme à l’Islam. Sinon, cela pourrait encourager les filles à désobéir à leurs parents. Peut être aussi certains parents vont –ils refuser d’inscrire leurs filles à l’école”,  avance Mamane Sani,  de l’Association de défense des droits de l’homme du Niger.

Mais Hadiza Saley, du collectif associatif “We Can” qui lutte contre la violence et la discrimination demande une législation encore plus rigoureuse: “la législation doit englober toutes les filles, pas juste les scolarisées.”

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