La pression du public fait reculer Guizentang

Guizhentang, c’est une grande société de production de bile d’ours. Un ingrédient essentiel pour la médecine chinoise, mais dont l’extraction se fait dans des conditions horribles pour les ours. La pression générale a fait reculer la société qui retire sa demande d’introduction en bourse.

Par Mathieu Viviani Publié le 14 juin 2013 à 0 h 06

Guizhentang, est une grande société de production de bile d’ours. Un ingrédient essentiel pour la médecine chinoise, mais dont l’extraction se fait dans des conditions horribles pour les ours. La pression générale a fait reculer la société qui retire sa demande d’introduction en bourse.

© Jebulon

Une victoire pour l'opinion publique

Une victoire pour les défenseurs des animaux, qui illustre l’importance grandissante prise par la classe moyenne chinoise. Bâillonnée et menée à la baguette pendant plusieurs décennies, elle commence à se faire entendre des élites. Suffisamment pour faire reculer une introduction en bourse qui fait couler de l’encre depuis plus de 2 ans.

Guizhentang, qui exploite dans plusieurs fermes plus de 400 ours, veut grossir pour répondre à un marché qui explose. Pour financer cette évolution, la société a voulu faire appel au public via une IPO (Initial Public Offering: une opération financière conduite par une société et ses conseils), et a déposé son dossier dès février 2012 auprès des autorités de régulation de la bourse de Shenzhen. Objectif : pousser à plus de 1200 le contingent d’ours en exploitation.

Les raisons de son opposition

Le problème rencontré par Guizhentang, c’est que l’opinion publique, menée par plusieurs ONG hongkongaises, a fait parler la poudre sur les réseaux sociaux, faisant tâche d’huile sur les médias traditionnels. La raison de cette levée de boucliers ? La ‘récolte’ de la bile d’ours se fait dans une souffrance atroce pour les animaux, qui ont un tube planté dans la vésicule biliaire et sortant de leur ventre en permanence. Un aspirateur y est branché plusieurs fois par semaine pour retirer la bile.

Selon les défenseurs de cette pratique qui serait ‘millénaire’, les ours trouveraient un certain ‘plaisir’ à ce traitement. Peu croyable quand on voit les images terrifiantes de ce qui se passe dans ces fermes d’un type très particulier… Au nom du droit des animaux, de nombreuses stars du petit et du grand écran ont clamé leur opposition à l’IPO de Guizhentang, des pétitions ont été lancées et signées en masse… Jusqu’à faire reculer la société, qui a retiré la semaine dernière sa demande d’IPO.

Si rien ne prouve que ce soit la pression du public qui est à l’origine de cette reculade de Guizhentang, tout pousse tout de même à y croire. Après deux ans de travaux acharnés, pourquoi cette société familiale aurait brusquement interrompu la procédure ? Certes, la santé moyenne des marchés financiers cette année fait réfléchir beaucoup de candidats à l’IPO. Mais la plupart repoussent la date prévue, alors que Guizhentang a tout simplement retiré le dossier, ce qui revient à annuler la procédure.

Des besoins en bile d'ours grandissant

Il s’agit donc très probablement d’une victoire – qui en appelle d’autres - pour les défenseurs des droits des animaux. Elle rend furieux les acteurs de cette filière qui vaut de l’or. La bile d’ours est utilisée pour élaborer des médicaments prétendument bons pour les reins, les yeux et … permettant de mieux récupérer le lendemain d’une saoulerie. Vu les orgies régulières auxquelles s’adonnent de plus en plus de Chinois, pas étonnant que le marché explose… Cependant, faire souffrir des milliers d’ours, créature noble par excellence, pour permettre aux fêtards de se sentir mieux après une soirée arrosée, est-ce digne d’un pays qui se réclame de 5000 ans de civilisation ? De moins en moins de Chinois le pensent…

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