Travail infantile : Petites filles…mais déjà femmes de chambre

L’Unicef estime que 47 000 enfants paraguayens, généralement des filles âgées de 8 à 16 ans, travaillent comme domestiques. Faute de pouvoir leur garantir un accès à l’éducation, leurs parents les confient « aux bons soins » de familles plus aisées, ouvrant la porte à toutes sortes d’abus.

Par Mathieu Viviani Modifié le 18 juin 2013 à 14 h 00

L’Unicef estime que 47 000 enfants paraguayens, généralement des filles âgées de 8 à 16 ans, travaillent comme domestiques. Faute de pouvoir leur garantir un accès à l’éducation, leurs parents les confient « aux bons soins » de familles plus aisées, ouvrant la porte à toutes sortes d’abus.

© IRRI Images

Une pratique ancrée dans la culture du pays

À l’occasion de la journée mondiale de lutte contre le travail infantile, l’Unicef demande aux autorités paraguayennes d’en finir avec la tradition des criaditas. La pratique consiste pour les familles pauvres à faire « adopter » leurs enfants dans d’autres foyers, où ils seront nourris et éduqués en échange de leur travail.

Selon Andrea Cid, spécialiste du droit des enfants au sein de l’ONG, le travail domestique infantile touche près de 47 000 personnes au Paraguay, principalement des jeunes filles et des adolescentes. Très ancrée dans la culture locale, la pratique des criaditas soumet les enfants à de longues journées de travail, loin de leurs proches, et les prive dans certains cas d’accès à l’éducation scolaire.

« Ce sont généralement des filles de 8 à 16 ans, coupées de leur environnement familial situé la plupart du temps en zone rurale, qui se lèvent très tôt, font le ménage, cuisinent et s’occupent d’autres enfants, ce qui les empêche d’avoir de bons résultats à l’école car elles sont épuisées », affirme Andrea Cid.

Les familles d’accueil se cachent derrière une fausse solidarité

À l’Unicef, on souligne que le travail domestique infantile est une conséquence directe de la pauvreté qui frappe le pays. Incapables de pourvoir aux besoins de leurs enfants, de nombreux parents décident de les envoyer dans d’autres familles, avec l’espoir qu’ils y reçoivent une meilleure éducation.

Selon l’OIT, les criaditas et criaditos représentent 2,5 % de l’ensemble des travailleurs domestiques du pays. Comme on peut s’en douter, ces jeunes personnes sont également très vulnérables face à d’autres types d’abus, notamment sexuels. « Les jeunes filles n’ont personne à qui se confier », explique Andrea Cid.

La tradition des criaditas est culturellement acceptée au Paraguay car elle a lieu de génération en génération. Pour les familles d’accueil, c’est surtout une main-d’œuvre bon marché, déguisée en acte de solidarité.

Une aide sociale défaillante

Pour tenter d’éradiquer ces pratiques, l’Unicef réclame au gouvernement paraguayen une véritable politique publique d’aide familiale, garantissant l’accès aux services de base comme l’éducation et la santé.

« Nous avons recueilli le témoignage de criaditas pour publier un livre de récits de vie et aucune des jeunes filles rencontrées ne désire le même sort à ses propres enfants, même celles qui ont bénéficié de bons traitements et ont échappé à la violence », signale la spécialiste des droits de l’enfant.

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