Offensive chinoise sur les forêts de Guinée-Bissau

« Nous sommes en train d’assister à un désastre écologique », affirme l’écologiste Bocar Seidi, évoquant la découpe de la forêt qui est en train de se produire contre la volonté de la population.

Par Mathieu Viviani Modifié le 19 juin 2013 à 10 h 14

« Nous sommes en train d’assister à un désastre écologique », affirme l’écologiste Bocar Seidi, évoquant la découpe de la forêt qui est en train de se produire contre la volonté de la population.

© Karl Ammann

Des forêts du sud pays en passe en passe d'être rasées

Dans les forêts de Colbuia, un village au sud du pays, dans la région de Quebo, on peut entendre le bruit des tronçonneuses. Et les containers qui emportent le bois ne sont pas loin. Cette coupe incontrôlée a commencé au début de l’année partout en Guinée-Bissau :  à l’est, dans les régions de Farim et Bafatá, au nord, dans la région de Cacheu. Bocar Seidi pointe du doigt des entreprises chinoises.

"Nous avons été envahis par des projets chinois qui prévoient de raser une région toute entière", affirme le jeune homme, membre de l’association écologiste Adecol. En effet, partout on peut voir des troncs d’arbres prêts à être transportés et des restes de pau-sangue, seul bois utilisé en Guinée-Bissau pour fabriquer des outils pour l’agriculture.

Jusqu’à maintenant la forêt avait été préservée mais en janvier tout a changé, explique-t-il, avançant le chiffre de 32 containers de 16 tonnes de bois chacun déjà partis pour la Chine. Certains jeunes ont réagi, réussissant même à appréhender des tronçonneuses et à renvoyer chez eux des bucherons, la plupart venant de la Guinée-Conacri voisine.

Ces jeunes souhaitent attirer l’attention du gouvernement, mais ce dernier n’a toujours pas réagi. La région est une zone protégée et sa population, des jeunes aux plus anciens, est contre les coupes. Mais, interrogés sur l’origine du problème, ils affirment : "Les responsables ne sont pas les chinois, ce sont les guinéens qui ont signé un contrat les autorisant à commettre cette dévastation."

Des revendications fortes de la part des habitants locaux

Au village de Lenguel, Tagmé N´Bunde accuse des entrepreneurs chinois en désignant un container qu’il affirme retenir. "Tant qu’ils ne nous auront pas donné ce qu’ils ont promis, le bois ne partira pas", expliquant que les chinois avaient promis de construire une école, un puits et un terrain de football, avec tous les équipements nécessaires. Jusqu’ici rien n’a été fait, d’après Tagmé.

A Colbuia, le jeune leader Rashid Bari résume sa révolte: "Nous avons demandé la fin des découpes de bois parce que cela ne nous bénéficie en rien".

Au centre du village, les anciens se sont réunis : "Il y a des gens qui ont envahis les forêts et nous ne nous entendons pas avec eux, nous n’approuvons pas cela, ici nous vivons de la forêt, nous avons déposé une plainte auprès des autorités et ils nous ont donné raison mais nous n’avons encore vu aucun résultat".

Issa Seidi est un des leaders de la communauté. Il rappelle que sans arbres et à cause du bruit des tronçonneuses, les animaux s’enfuient. "Ils sont en train de tout détruire" poursuit-il, et prévient que ceux qui touchent à la forêt vont avoir des problèmes. "Ils peuvent nous tuer mais nous n’abandonnerons pas la forêt, nous luttons pour la survie de nos enfants ".

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