Biogaz : traire les vaches avec leur propre énergie

Dans la région d’Arequipa, une ferme pas comme les autres mise sur le bien-être des animaux et la préservation de l’environnement grâce à des méthodes innovantes. Les vaches laitières y écoutent de la musique classique, tandis que leurs déjections sont mises à profit pour produire l’électricité nécessaire à la traite.

Par Mathieu Viviani Modifié le 9 juillet 2013 à 10 h 22

Dans la région d’Arequipa, une ferme pas comme les autres mise sur le bien-être des animaux et la préservation de l'environnement grâce à des méthodes innovantes. Les vaches laitières y écoutent de la musique classique, tandis que leurs déjections sont mises à profit pour produire l’électricité nécessaire à la traite.

© Keith Weller

Des vaches mélomanes ?

Il est une heure de l’après-midi dans la ferme América, et les Quatre saisons de Vivaldi résonnent dans les haut-parleurs de la salle de traite. Cela fait six ans qu’Enrique Lozada, le propriétaire de l’exploitation agricole, travaille en musique.

Mais le vrai mélomane, ce n’est pas lui, ce sont ses vaches. Grâce à ses effets relaxants, la musique classique permet en effet aux animaux de vider le contenu de leurs mamelles avec plus d’efficacité et d’augmenter ainsi les rendements.

Lors de leur passage à l’étable, les vaches ne laissent pas seulement leur lait derrière-elles. Après chaque traite, de grande quantités d’excréments jonchent le sol et doivent être éliminées. Auparavant, ces déchets étaient uniquement destinés à la fertilisation des sols, mais depuis sept mois, ils sont considérés comme une source d’énergie qu’il convient d’apprécier à sa juste valeur.

La méthode limite les émissions de méthane, un puissant gaz à effet de serre

Dans la ferme América, la bouse de vache est récupérée pour fabriquer du gaz naturel, le biogaz, qui sert ensuite à fabriquer l’électricité nécessaire au fonctionnement des machines. Pour Enrique Lozada, l’autosuffisance énergétique se traduit par une économie mensuelle de plus de 800 euros d’électricité, mais c’est avant tout pour faire un geste en faveur de l’environnement qu’il a décidé d’employer cette technique.

Car la production de biogaz permet non seulement de substituer une énergie renouvelable au fuel, mais également de limiter les émissions de méthane provoquées par le stockage des déjections bovines.

Le biogaz fournit assez d’énergie pour la traite et la réfrigération

Après chaque traite, les sols sont nettoyés à l’aide de jets d’eau et le lisier est dirigé vers deux grands bassins recouverts de plastique : les digesteurs. En l’absence d’air et donc d’oxygène, le processus de décomposition des matières végétales provoque une réaction de fermentation, qui libère d’importantes quantités de biogaz. Celui-ci est récupéré et acheminé vers un module chargé de filtrer les différents composés soufrés, l’eau et le dioxyde de carbone, afin de conserver uniquement le méthane.

Les réserves de gaz naturel seront ensuite utilisées pour alimenter un moteur thermique de 40 000 watts, chargé de l’alimentation électrique de toute l’exploitation. L’ensemble des équipements, en particulier les trayeuses et les cuves de réfrigération du lait, fonctionnent grâce au biogaz produit par les vaches.

Régulièrement, les digesteurs sont vidangés des boues et des liquides qui s’y accumulent au cours du processus de méthanisation. Issus de la décomposition de déchets organiques, ils constituent un excellent engrais qui sera épandu, dans les champs, mettant un terme au cycle de transformation de la matière végétale.

1 commentaire on «Biogaz : traire les vaches avec leur propre énergie»

  • Je n’en reviens pas que l’on puisse arriver à de telles stratégies pour le bien de l’environnement. C’est tout bonnement extraordinaire ce que réalise ce fermier et cela démontre bien qu’il est possible de mêler les performances à l’environnement !

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