Quand « le poumon de la planète » inspire le monde

La première édition du sommet Oceania 21 Meeting s’est tenu le 25, 26 et 27 avril 2013 à Nouméa en Nouvelle-Calédonie. Réunissant l’ensemble des Etats d’Océanie, celui-ci a eu pour principal objectif d’élaborer une politique océanienne commune en faveur du développement durable. Une conférence à la Maison de la Nouvelle-Calédonie de Paris a permis de restituer l’essentiel des décisions prises lors de ce rassemblement inédit.

Par Mathieu Viviani Modifié le 12 juillet 2013 à 10 h 14

La première édition du sommet  Oceania 21 Meeting s’est tenu le 25, 26 et 27 avril 2013 à Nouméa en Nouvelle-Calédonie. Réunissant l’ensemble des Etats d’Océanie, celui-ci a eu pour principal objectif d’élaborer une politique océanienne commune en faveur du développement durable. Une conférence à la Maison de la Nouvelle-Calédonie de Paris a permis de restituer l’essentiel des décisions prises lors de ce rassemblement inédit.

Anthony Lecren, Nicolas Hulot, Henry Puna et Marcelino Pipite - © Olivier Brunet

Un territoire menacé mais exemplaire en matière de préservation de l'environnement

17H00 à la maison de la Nouvelle-Calédonie à Paris. Ce lieu fort accueillant et décoré aux couleurs de la culture océanienne, donne un avant-goût de l’importance que ce territoire accorde à son environnement et sa culture : « notre terre, si riche et belle, nous a été léguée avec respect par nos ancêtres. Il est par conséquent de notre devoir de tout faire pour la préserver. Ceci aussi pour qu’à notre tour, nous puissions la léguer aux générations futures. »

Ces mots prononcés en guise d’introduction témoignent d’un attachement presque viscéral du peuple océanien à son lieu de vie. Malheureusement, celui-ci est un des premiers de la planète à subir les conséquences négatives du réchauffement climatique. Pour exemple, la montée du niveau de la mer qui a causé le déplacement de populations, faisant d’eux les premiers réfugiés climatiques de la planète.

Il n’est donc pas un hasard que la déclaration commune d’Océania 21 Meetings soit intitulée « Aider nous à sauver Tokelau ! » - ce tout petit archipel de trois atolls a été le premier de cette zone à être touché par le réchauffement climatique.

Mais, il ne s’est pas résigné, loin de là.  Stupéfaction lorsqu’ Henry Puna, premier ministre des Iles Cook, nous annonce que Tokelau est « le premier Etat au monde à ne fonctionner qu’avec des énergies renouvelables ». Qui aurait cru que l’une des plus petites structures étatiques de la planète montre l’exemple en matière de développement durable !

Cette démarche inspirante est un bon exemple de l’état d’esprit dans lequel se trouvent actuellement les leaders des territoires insulaires du Pacifique.

Marcellino Pipite, ministre du Commerce et du Tourisme de l’Etat de Vanuatu en résume l’essence en ces termes : « S’efforcer de montrer l’exemple en terme de transition écologique dans le but de convaincre les autres pays qu’il est toujours possible de changer de paradigme de gestion environnementale. […] Parler d’une seule voix aux dirigeants des grandes puissances de la planète afin de leur demander qu’ils nous soutiennent dans le financement de projets en faveur du développement durable. »

La fédération des Etats océaniens autour du développement durable

Le rassemblement des pays océaniens a donc eu plusieurs effets positifs. Un des plus essentiels est aussi d’avoir recueilli l’adhésion de nouveaux Etats du Pacifique à l’opération « Un arbre, un jour, une vie ». Lancée initialement par le gouvernement de Nouvelle-Calédonie, ce mouvement écologique est d’ailleurs à l’origine d’Océanie 21 Meeting.

Le principe ? Proposer à chaque habitant d’Océanie de choisir un jour de l’année pour planter un arbre - soit une promesse de 10 millions d’arbres au total.

En plus de fédérer les citoyens autour de la préservation de leur lieu de vie, cette initiative favorise le dialogue entre des Etats limitrophes ayant parfois assez peu de liens diplomatiques. C’est ce que Nicolas Hulot, intervenant à la conférence, et envoyé spécial du Président de la République française pour l’environnement, signifie lorsqu’il exprime :

« Nous sommes confrontés à des enjeux communs. Dans ces conditions, nous sommes obligés de faire fi de nos divergences […]. L’écologie n’est pas qu’un problème technique mais aussi un problème de volonté coordonnée.»

D’autres initiatives océaniennes en faveur de l’environnement

Autre exemple d’action mise en place à l’issue du meeting : la création d’Aires Marines Protégées (AMP) pour les baleines du littoral des Iles Cook, ou pour les requins vivant autour de l’archipel de Tokelau.

Par ailleurs, la réflexion environnementale va se poursuivre dans le cadre du lancement d’un think tank qui aura pour mission d’impliquer la société civile dans l’élaboration de nouvelles solutions concrètes en faveur la préservation de l’écosystème océanien. Ce dernier se mettra de surcroît en réseau avec des instituts de recherche travaillant sur le sujet.

La sensibilisation de la société civile : priorité du mouvement océanien

« Les artistes et les sportifs sont les meilleures ambassadeurs d’Océania 21 » confie Anthony Lecren, membre du gouvernement de Nouvelle-Calédonie lors de son intervention. De fait, ces derniers ont très vite exprimé leur envie de contribuer à la sensibilisation de la société civile aux valeurs portées par cet élan écologique.

Flamengo, figure de proue de la scène musicale calédonienne, a d’ailleurs fait part de l’écho positif que cette démarche a suscité dans le monde artistique et sportif : « Alpha Blondy, Israel Vibration, Christian Karembeu, sont parmi ceux qui nous soutiennent beaucoup. Il est réjouissant de voir que le mouvement touche de plus en plus de personnes, toutes, prêtes à s’engager concrètement dans cette démarche vertueuse. »

Nicolas Hulot, ambassadeur français en faveur du soutien écologique océanien

C’est avec une grande humilité et dynamisme que Nicolas Hulot a assuré aux représentants politiques océaniens son soutien : « Ne vous sous-estimez pas à cause de la superficie de vos Etats respectifs. Au contraire, c’est vous, à la première loge du réchauffement climatique, qui venez nous interpeller sur l’urgence d’agir. Vous êtes vraiment exemplaires. […] Votre rassemblement autour d’Océania 21 nous oblige à regarder la réalité en face. Nous avons de grandes choses à faire ensemble et nous devrons prendre en compte votre vision parce qu’elle a une richesse et une sagesse qui nous sont indispensables. […] Je ferai tout mon possible pour qu’à travers la fonction qui m'a été confiée, la France vous soutienne. »

L'Océanie est en marche

Du soutien, de la sagesse, du courage et de la persévérance, voilà les valeurs sur lesquelles s'appuie ‘’le poumon de la Terre’’ afin de sortir de ses difficultés écologiques actuelles.

Les pas significatifs déjà effectués montrent que le changement est en marche. Néanmoins, le combat reste encore très rude pour faire entendre la voix commune de ces Etats aux grandes puissances internationales. Une difficulté également accrue par un contexte post Rio+20 caractérisé par une certaine baisse de l’engagement écologique de bons nombres de nations.

Mais le sempiternel argument de « la crise financière » ne semble pas freiner ces hommes de l’autre bout du monde, dont la conviction écologique n’a d’égal que leur détermination à agir. Quelle source d’inspiration pour le monde...

Mathieu Viviani

Aucun commentaire à «Quand « le poumon de la planète » inspire le monde»

Laisser un commentaire

* Champs requis

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.