Parole d’écoacteurs : Claire Choy et Nawel Tagourti, responsables de Carpooling.fr

Quelle est la situation du covoiturage en France et en Europe ? Pour répondre à cette question, nous avons rencontré Claire Choy et Nawel Tagourti, responsables de la plateforme française de Carpooling.fr

Par Octavia Tapsanji Modifié le 14 août 2013 à 10 h 09

Quelle est la situation du covoiturage en France et en Europe ? Pour répondre à cette question, nous avons rencontré Claire Choy et Nawel Tagourti, responsables de la plateforme française de Carpooling.fr

©Carpooling

Pouvez-vous nous présenter Carpooling ?

carpooling.fr est la version française de carpooling.com, le plus grand réseau de covoiturage en Europe transportant plus d'1,3 million de carpoolers par mois. Notre mission est de faire du covoiturage un moyen de transport pratique et efficace, abordable et facile d´accès.

En partageant leur trajet, les voyageurs économisent de l’essence et de l’argent, réduisent les émissions de CO2 et rencontrent de nouvelles personnes.

Carpooling est présent en France depuis trois ans. Quelle place occupe-t-il sur le marché français du covoiturage ?

Il existe en France plus d’une centaine d’acteurs du covoiturage. Nous occupons la deuxième position en France et la 1ère sur le marché européen. Depuis sa création en 2001, Carpooling a connu une croissance organique. En 2010, nous avons constaté une vraie demande de trajets transfrontaliers. S’en est donc suivi un développement à l’international avec une présence globale sur un maillage européen et la disponibilité de la plateforme en sept langues. Aujourd’hui Carpooling donne accès gratuitement à plus de 900 000 trajets en covoiturage à travers l’Europe.

Carpooling propose aux voyageurs des trajets de covoiturage mais également des alternatives de transport en train, bus et avion. Pourquoi ce choix de la multimodalité ?

Pour nous, le covoiturage doit être un mode de transport à part entière. C’est la raison pour laquelle nous souhaitons l’offrir et l’intégrer à toutes les offres de transport. Aujourd’hui, quand les voyageurs envisagent leur déplacement d’un point A à un point B,  ils ne pensent pas seulement voiture mais transport global. Avec l’outil de multimodalité que propose la plateforme Carpooling, nous sommes en mesure de toucher tous les voyageurs et de prendre en compte leurs différents besoins spécifiques.

Sur quel modèle économique est basée l’activité de Carpooling ?

Carpooling possède quatre sources de revenus :

-          Les transactions liées au système de réservation en ligne (11% de la transaction de réservation)

-          L’intégration des transporteurs partenaires de la multimodalité : Eurolines, Deutsche Bahn, Lastminute.com…

-          La publicité sur le site internet

-          Les solutions blanches pour les entreprises

Les solutions blanches sont des plateformes de covoiturage développées spécifiquement pour les collectivités ou les entreprises. On peut citer par exemple la plateforme développée pour l’ADAC (équivalent du Club Automobile France en Allemagne) qui compte 12 millions de voyageurs.

Comment est fixé le prix du trajet d’un covoiturage ?

Le prix est suggéré par Carpooling en fonction de la distance et du nombre de passagers mais libre au conducteur de fixer le sien. Toutefois, si le tarif choisi par le conducteur est supérieur à celui proposé par les autres conducteurs, celui-ci risque de ne pas avoir de passagers. Il y a un fort pouvoir régulateur de la communauté de carpoolers.

Quel est le profil type du carpooler ?

Il y a aujourd’hui des utilisateurs de tous les âges et de tous genres qui pratiquent le covoiturage. La majorité des utilisateurs sont toutefois des jeunes actifs (25-39 ans) avec une répartition globale de 53% de femmes et 47% d’hommes. Et 70% d’entre eux sont célibataires.

La pratique du covoiturage est-elle la même dans tous les pays du réseau Carpooling ? Existe-t-il des spécificités ?

Effectivement il existe des différences. En Allemagne le covoiturage est très ancré. Cela fait au moins 40 ans que les Allemands covoiturent. A l’origine avant le boom d’internet, les voyageurs se rendaient dans des agences, sortes de boutiques où ils inscrivaient sur un tableau leur covoiturage qui était ensuite consulté par les personnes intéressées. Aujourd’hui, en Allemagne il y a un covoiturage toutes les 6 secondes. Le covoiturage en Allemagne se fait comme la montée dans un train.

Au contraire, dans des pays comme l’Italie ou la Pologne, le covoiturage est une pratique très nouvelle. Le mot équivalent de « covoiturage » n’existait même pas. Maintenant c’est le mot « carpooling » qui est entré dans le langage pour évoquer ce mode de transport.

En Pologne, par exemple, l’autostop était il y a quelques années plus connu que le covoiturage. Il existait même une carte officielle d’autostoppeur délivrée aux voyageurs par l’Etat. La peur de monter dans la voiture d’un inconnu est moins présente que dans d’autres pays…

Toutes ces différences culturelles permettent d’aborder spécifiquement chaque marché d’où l’importance chez Carpooling d’avoir des équipes locales dédiées à chaque pays ( 14 nationalités différentes au sein de l’équipe).

Quelle est selon vous la situation du covoiturage en France ?

Le covoiturage a connu un boom ces dix dernières années en France. Ce n’est pas un marché mature comme ça peut être le cas en Allemagne. C’est un marché encore en constante évolution. Et de nombreuses choses sont à développer.

En tant qu’acteur majeur du covoiturage, que pensez-vous de l’évolution du secteur de l’économie collaborative, secteur dans lequel s’inscrit la démarche de Carpooling ?

Les deux précurseurs de l’économie collaborative sont le covoiturage et l’échange d’appartements. Ce sont les deux plus anciens et ceux qui touchent le plus de monde. A côté d’eux, de nombreux autres acteurs émergent et la France contribue largement au développement de cette tendance. L’Allemagne est en comparaison moins touchée par ce phénomène alors qu’il y a des acteurs d’économie collaborative présents sur le marché allemand.

En France, on ressent une vraie dynamique globale et un fort engouement de la part des Français pour ces questions-là, que l’on soutient très clairement.

Merci à Claire Choy et Nawel Tagourti d’avoir pris le temps de répondre à nos questions.

Propos recueillis par Octavia Tapsanji

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