Quel usage du covoiturage ?

Régulièrement nous mettons le covoiturage à l’honneur, de nombreux articles sont publiés sur le sujet afin de valider cet engouement. Mais aujourd’hui il est important de différencier certains principes et concepts.

Par Octavia Tapsanji Publié le 23 septembre 2013 à 0 h 08

Régulièrement nous mettons le covoiturage à l’honneur, de nombreux articles sont publiés sur le sujet afin de valider cet engouement. Mais aujourd’hui il est important de différencier certains principes et concepts.

©Babsy

Je vous ai déjà parlé de mes aventures de covoitureuse que ce soit en tant que passager ou conductrice. Personnellement mes grandes utilisations des services de covoiturage sont sur de longs trajets (250 km à 1000 km) et je ne vais pas vous le cacher, en général c’est pour éviter le train (l’avion ne faisant plus parti de mes modes de transports hormis pour voyages à l’étranger).

Je faisais le bilan de mes dernières rencontres lors de mes déplacements, les passagers du véhicule la plupart (assez jeunes) ne possédaient pas un véhicule assez sûr pour faire une si longue distance, voir pas de véhicule du tout ! Du coup ils se trouvaient dans le même cas que moi, à surfer entre train et covoiturage, mais leurs remarques éloquentes confirmaient mes soupçons  : « le train ça devient compliqué, ou très cher, ou alors pleins de correspondances, ou ça me dépose trop loin de chez moi  ». Des arguments implacables, effectivement le covoiturage vous permet souvent d’être pris en des lieux plus facile d’accès (station de métro, parking de supermarché, au pied du terminus du tramway, etc…).

Lors du forum de l’économie collaborative qui a eu lieu à Cenon (Gironde) en juin dernier, Blablacar confirmait que l’intérêt des membres du site serait l’économie et la convivialité, sans oublier la confiance qui y est apportée avec le système d’authentification et d’annotation. Une puissance supplémentaire : avoir confiance en un conducteur qui se voit désigné par ses pairs comme « bon chauffeur, ponctuel, sympathique etc…  » Impossible de valider de telles valeurs concernant un voyage en chemin de fer, la grève de septembre confirme mes dires, avec un déplacement annulé et un billet en attente de remboursement…

Alors la réflexion se pose : le covoiturage que prône les sites dédiés ne réduirait-il pas l’utilisation des voitures mais plutôt celle des trains, voir train combiné au bus ?

Le but du covoiturage tel que le déclinent les plateformes de mise en relation est d’optimiser l’existant.

Toujours sur les dires de Blablacar, ils ont aidé à une forte réduction des rejets de carbone, je ne sais pas quelle étude permet de le confirmer. Réduire le nombre de véhicules sur la route c’est certain, sauf si l’équation se résume à 4 personnes dans une voiture à la place d’1 personne en voiture et 3 dans le train, les calculs de rejets seraient alors faussés…

La nouvelle du rachat de la société éditrice de 123 en voiture par la SNCF laisse bien sous-entendre tout l’intérêt de ne pas perdre plus de clients et de rentrer aussi dans la course du covoiturage pour la société nationale des chemins de fer.

Dans l’ensemble si le consommateur est gagnant (ce qui est le cas pour moi) nous avons des avantages à continuer l’utilisation du covoiturage longue distance. Mais il me semblait intéressant d’accentuer le trait sur des initiatives qui valorisent les petits déplacements, ceux qui participent au désengorgement des accès urbains et qui facilitent la mobilité dans la vie de tous les jours.

Avec la découverte par exemple de sites comme Aisne Covoiturage lancé par le conseil général du dît département, ce site propose des covoiturages domicile-travail à des dates bien précises en notifiant les communes concernées et l’horaire du déplacement. Vous êtes directement contactés et une annotation des membres après chaque déplacement est proposée. Ainsi le modèle de confiance n’est pas oublié et renforce le sérieux des membres.

Vous pouvez trouver aussi covoiturage Tisseo promu par la société de transports en commun Toulousaine, son site est nettement moins sympathique, mais un grand intérêt réside dans des solutions clés en mains pour les entreprises qui n’auraient pas encore saisi l’utilité de proposer d’elle-même le covoiturage à ses employés. La version sur mobile nous laisse accéder à des offres proposées en « départ immédiat ».

Dans le guide solution, il y a aussi une application lancée par un Toulousain : Coovia , elle a la particularité de mélanger covoiturage, transports en commun et vélo en libre service. Le paradis pour les citadins qui ne supportent plus de chercher une place pour se garer ou pour ceux qui ont définitivement renoncé à posséder un véhicule en centre ville. Les conducteurs déclarent leurs trajets et les passagers peuvent voyager aussi bien avec les membres qu’avec les transports en commun. A ce jour l’utilisation se limite au Grand Toulouse mais des pistes de réflexions sont en cours pour la développer sur tout l’hexagone.

Enfin, un système ingénieux a été mis en place revalorisant le très classique auto-stop en le mélangeant au covoiturage courte distance : Rezo Pouce. Ce collectif de 80 communes du nord de Toulouse a lancé ce projet innovant il y a 3 ans. 1000 inscrits se partagent les 200 « arrêts sur le pouce » authentifiés dans le réseau.

Simple comme bonjour, il suffit de s’inscrire gratuitement dans une mairie affiliée (ou 3.5 € de contribution pour l’adhésion via le site) et vous recevez ensuite une carte d’identifiant avec photo et un petit autocollant à apposer sur votre véhicule (si vous êtes conducteur). Un barème de défraiement kilométrique est proposé sur le site et c’est au passager de suggérer le paiement et non pas au chauffeur d’en faire la demande. Une jolie démarche qui incite vraiment à de l’entraide et au service, balayant d’un revers des conducteurs peu scrupuleux en quête d’une rémunération supplémentaire.

Des partenariats avec de grandes structures telles que Airbus et Tisséo sont en cours. Le dynamisme fourmille autour de ce projet et la possibilité de développer un réseau national et européen est déjà à l’étude !

Ainsi tous ces réseaux me confortent que nous sommes en train de chercher de vraies solutions afin de valoriser nos déplacements, en favorisant les rencontres, en mettant le commun au centre. Les citoyens avec l’aide des collectifs peuvent trouver des moyens pour faciliter leur mobilité.

A nous d’y participer et de continuer à y contribuer !

Céline Laporte