Êtes-vous prêts pour la décroissance ?

Ce weekend, Fred et moi avons rangé l’atelier. L’ancien propriétaire de notre maison était parti en laissant un tas de choses : outils, huiles diverses, bombes de peinture aérosol, paquet de mort aux rats, herbicides et j’en passe. Conclusion, trois gros cartons à amener à la déchetterie. C’est dans ce genre d’endroit qu’on prend vraiment conscience de notre consommation effrénée et de tout le gaspillage qu’elle engendre.

Par Pauline Hossin Modifié le 10 octobre 2013 à 14 h 42

Ce weekend, Fred et moi avons rangé l’atelier. L’ancien propriétaire de notre maison était parti en laissant un tas de choses : outils, huiles diverses, bombes de peinture aérosol, paquet de mort aux rats, herbicides et j’en passe. Conclusion, trois gros cartons à amener à la déchetterie. C’est dans ce genre d’endroit qu’on prend vraiment conscience de notre consommation effrénée et de tout le gaspillage qu’elle engendre. Les bennes à ordures sont toujours pleines d’objets cassés, obsolètes ou tout simplement d’objets dont on ne veut plus et dont on ne sait plus quoi faire. Plutôt que de les amener dans une ressourcerie, on les jette. Et le plus grave, c’est que ça n’a l’air de déranger personne.

Sur le chemin du retour, je n’ai pas cessé de me demander où toutes ces ordures allaient passer. On allait les enfouir ? Les envoyer en Afrique ? Les brûler en rejetant des gaz toxiques ?

© FotoDutch

C’est quoi être décroissant ?

Pour certains, c’est un gros mot…

« Quoi tu veux revenir à la période néolithique ? » « Me priver toute ta vie alors que je bosse comme un malade, non merci ». « Je n’ai qu’une vie et je compte bien en profiter ».

Pour d’autres, c’est un choix de vie, un choix volontaire de sobriété heureuse, en opposition avec la société actuelle qui nous répète qu’ « il faut de la croissance, il faut consommer, il faut toujours plus pour être heureux ».

Voilà ce à quoi j’aspire, la décroissance. Parce que nous vidons des réserves mondiales qui ne sont pas infinies et qui s’épuisent (pétrole, phosphore, charbon, etc.), parce que le réchauffement climatique est un problème grave et qu’il est aussi lié à notre surconsommation, parce qu’en possédant plus, on n’est pas forcément plus heureux, bien au contraire.

Si je souhaite devenir décroissant, je dois m’y prendre comment ?

Tout d’abord, faites une grande cure de désintoxication à la consommation. Finis les achat compulsifs, un mois de salaire qui passe dans l’acquisition d’un nouveau sac à main (oui, j’en connais). Il faut prendre de la distance par rapport aux biens matériels et se poser les bonnes questions « Est-ce que j’en ai vraiment besoin ? Est-ce que c’est vraiment utile ? Est-ce durable ? ». L’idée ce n’est pas de se serrer la ceinture, c’est plutôt d’arrêter de croire aux discours marketing, d’acheter moins, mais mieux. Essayez aussi d’acheter d’occasion quand on peut (vêtements, jouets des enfants, meubles, livres par exemple), équitable, voir de mutualiser certains achats (acheter une tondeuse à gazon avec son voisin par exemple). De réparer, recycler, upcycler, bref, d’allonger la durée de vie des objets et des biens qu’on possède. Rien ne vaut les DIY, les produits faits maison, cultiver son propre potager : soyons un peu plus créatifs et manuels !

Contentez-vous de ce que vous avez déjà : Hervé Kempf l’explique très bien dans Comment les riches détruisent la planète. Le problème dans nos sociétés contemporaines industrialisées, c’est que les classes inférieures veulent toujours atteindre le niveau de vie des classes supérieures. Bref, on envie les voisins / amis parce qu’ils ont acheté une nouvelle voiture, une nouvelle maison, une nouvelle TV écran plasma, alors on les imite. On veut ressembler à ceux qui sont un peu plus riches que nous. On consomme, on surconsomme, on s’endette pour… finir frustrer, parce qu’une fois l’objet de convoitise acquis, on n’est pas satisfait, on en veut toujours plus. Personnellement, j’achète selon mes moyens, je ne rêve pas de gagner plus pour m’acheter une paire de louboutins ou je ne sais quoi encore.

Mangez sainement, local et réduisez votre consommation de viande. Hier, j’ai entendu dire que pour faire grandir / élever une vache charolaise, il fallait l’équivalent de trois piscines olympiques ! Et oui, il en faut de l’eau pour faire pousser des céréales et nourrir tout ce bétail. Devenez végétariens ou flexivores, votre corps vous remerciera. Cuisinez des produits frais, de saison et si possible venant d’une production locale. Rejoignez une AMAP, évitez les produits qui contiennent des pesticides, des colorants et autres additifs alimentaires. La simplicité volontaire passe aussi par l’assiette ! Et vous savez quoi ? Un plat de tomates anciennes et de chèvre frais arrosés d’huile d’olive servi avec du pain maison peut vous donner bien plus de plaisirs gustatifs qu’un plat de lasagnes congelés. Vive la simplicité alimentaire ! C’est aussi une façon d’avoir une bonne hygiène de vie, donc de prendre en main son corps, sa santé.

Pensez à la mobilité durable ! Prenez les transports en commun dès que vous en avez la possibilité ! Pensez aussi au vélo, à la marche à pied ou au covoiturage. Et si vous devez changer votre voiture, optez pour une électrique ou un hybride.

Travaillez moins, profitez plus. A quoi bon gagner bien sa vie si on doit attendre sa retraite pour en profiter ? Vous trouvez ça normal que vos enfants soient à l’école de 7h30 du matin à 18 heures le soir ou chez la nounou jusqu’à 20 heures ? N’est-ce pas une perte de temps de passer tous les jours deux heures dans les transports (ou pire, dans les embouteillages). Etre décroissant, c’est aussi faire le choix de travailler pour le plaisir et de changer de rythme. Plus de temps à passer avec ses enfants et son conjoint / sa famille ou avec ses amis, plus de temps aussi pour pratiquer des loisirs. Si vous changiez de travail, vous allez peut-être certains mois diviser votre salaire par deux, mais vous verrez que beaucoup de nos dépenses peuvent être réduites (essence, nounou, habillement, santé) si l’on change notre façon de vivre. Et en terme de qualité de vie (loin du stress, de la pollution), vous serez forcément gagnant.

Vous l’aurez compris, l’idée c’est que la décroissance n’enlève rien au bien-être contrairement à ce qu’on dit. Elle ne crée pas de frustrations non plus. Bien au contraire, dans la simplicité volontaire, on se sent plus libre, moins encombré par les choses matérielles. On attache plus d’importance aux choses simples : l’amitié, la famille, la nature.

Bref, être décroissant, c’est vivre simplement, vivre mieux et vivre heureux !

Marie-France Farré

4 commentaires on «Êtes-vous prêts pour la décroissance ?»

  • Plutôt partisane d’un zéro croissance !!

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  • Tout à fait d’accord, mais vous oubliez un point essentiel : la démographie ; la surpopulation contribue encore plus que la surconsommation à la dégradation de l’environnement ; il faut donc limiter les naissances (volontairement, bien entendu) : pas plus de 2 enfants par famille ; et c’est encore plus nécessaire dans les pays riches, car un enfant de plus en France, c’est beaucoup plus de pollutions en plus qu’un enfant de plus en Inde.

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  • Bravo pour cet article engagé. Espérons que nous réussirons à “décroître” de manière agréable et volontaire, avant d’y être contraints par une situation économique et environnementale devenue intenable.

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  • Merci pour cet article formidable. C’est une nouvelle philosophie de vie à adopter pour nos contemporains mais c’est la seule issue possible. J’ai fait le premier pas et je vais essayer d’emmener d’autres personnes sur le chemin en diffusant votre article.
    La Révolution Verte 31

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