France : une envolée de l’éolien offshore ?

Par GV Publié le 24 février 2017 à 14 h 15

Eolien offshore

Alors que la première éolienne flottante française est construite à Saint-Nazaire (Loire-Atlantique), l’éolien offshore continue de progresser en France. Avec le lancement successif de trois appels d’offres entre 2011 et 2016, le pays compte bien investir le secteur et rattraper ses voisins européens. Il faudra néanmoins, pour cela, qu’un réel choc de simplification des procédures soit mis en place.

Bien qu’elles ne représentent pour l’instant que 3,1% du mix énergétique français - contre 12,6% pour l’hydraulique, 5% pour les centrales thermiques et 77% pour l’atome, les « techniques éoliennes et énergies marines renouvelables (EMR) ont le vent en poupe », pour le magazine Eco Réseau. Le bimestriel rappelle en effet que « l’incroyable potentiel et l’inépuisable réserve que représente le domaine maritime tricolore » font de ce dernier le deuxième le plus important au monde avec 11 millions de km2. « Une véritable mine d’or », conclut le journal, pour qui la France pourrait tout simplement devenir le prochain « eldorado du renouvelable ».

L’association France Energie Eolienne (FEE) affirme pour sa part que l’éolien n’est rien de moins que le « pilier actuel et futur de la transition énergétique en France » : une énergie « créatrice d’emplois, compétitive et renouvelable ». Tous les experts s’accordent à dire que l’énergie éolienne marine, bien que coûteuse en l’état actuel du développement de la filière, est plus régulière dans la production d’électricité que l’éolien terrestre. D’où l’importance d’encourager son développement rapide si la France compte s’en tenir au respect de l’objectif de 40% d’électricité renouvelable en 2030.

La France légèrement en retard

Un chiffre qui tombe plutôt bien. Comme le signalait Jean-Frédéric Charpentier à Eco Réseau, « en termes de puissance installée, l’éolien offshore devrait être au même niveau que l’éolien terrestre en 2030 et atteindre 25 GW dès 2020 ». Un objectif certes ambitieux, mais que l’association FEE estime « raisonnable » et à la hauteur des ambitions européennes. Le gouvernement britannique s’est par exemple fixé un objectif de 40 GW d’éolien en mer en 2030, tandis que l’Allemagne table sur 15 GW.

Mais le rythme de développement du secteur en France est pour l’instant lent comparé à celui de ses voisins. Avec seulement 3 GW attribués, l’Hexagone est encore loin, très loin ses objectifs, et ce malgré la série de mesures annoncées par Ségolène Royal en 2016 afin de « réduire les coûts » et « simplifier les procédures ».

En décembre dernier, lors de la diffusion du troisième appel d’offres pour un parc éolien, la ministre de l’Environnement, de l’Energie et de la Mer avait en effet lancé une procédure de « dialogue concurrentiel » adaptée aux particularités de la filière éolienne marine. Cette procédure devait permettre un échange entre les candidats et la Direction générale de l’énergie et du climat (DGEC), ainsi que la finalisation d’études de levée des risques.

Mais malgré cette bonne volonté affichée, le secteur de l’éolien en mer « patine », selon les termes du PDG d’EDF, Jean-Bernard Lévy. « On va terminer le quinquennat actuel avec encore des difficultés en ‘permitting’ [autorisations], de recours. Malgré tous nos efforts, la France est un pays où ça prend beaucoup, beaucoup plus de temps que chez la plupart de nos voisins », avait-il lancé lors du colloque annuel du Syndicat des énergies renouvelables (SER). « Il y a de gros efforts de simplifications à faire », avait-il ajouté.

Une concertation de plus en plus urgente 

Il faut dire que les trois projets de parcs éoliens offshore menés par EDF ainsi que celui développé par Engie ont été ralentis par des recours administratifs déposés par des opposants à l’énergie éolienne. De nombreuses associations craignent en effet que l’environnement marin ne soit détérioré ou que l’énergie produite ne soit trop chère. Comme le reconnaît effectivement Jean-Louis Bal, président du Syndicat des énergies renouvelables (SER), le prix de l’éolien offshore est certes élevé, mais la filière « est en mesure d’améliorer rapidement ses coûts » comme l’avait fait la filière photovoltaïque avant elle.

Message entendu à Dunkerque, où le projet de parc éolien offshore « avance à grands pas ». Selon le maire de la ville, Patrice Vergriete, « l’Etat a souhaité avoir une autre démarche pour justement réussir le coup cette fois-ci, et entamer un dialogue concurrentiel avec les entreprises en termes de réalisation ». Le projet dunkerquois devrait donc avancer plus vite et les entreprises intéressées par le projet pourraient être connues avant la fin du mois.

De quoi contenter EDF, mais aussi les Français. Car il ne faudra pas rater le train de l’éolien en mer. Alors qu’une éolienne offshore est installée en moyenne chaque jour en Europe depuis 2015, la France ferait bien de se rappeler l’immense potentiel qu’elle peut prétendre exploiter. Quelque 80 GW répartis sur une superficie de 10 000 km2 pour l’éolien posé et 140 GW répartis sur une superficie de 25 000 km2 pour l’éolien flottant.

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