Bâtiments à énergie positive (Bepos) : quel surcoût prévoir ?

Par La Redaction Modifié le 25 août 2017 à 14 h 27

Dans le cadre d’un dossier consacré à la nouvelle réglementation Environnementale (RE2018) qui se profile, Green et vert vous aide à y voir plus clair. D’où vient cet engouement pour la construction de bâtiments à énergie positive ? En quoi le secteur du bâtiment se retrouve directement impacté par les différentes réglementations ? Comment amener le particulier à voir son logement différemment ? Toutes les réponses dans notre dossier.

En France, la réduction de l’empreinte carbone est une priorité publique. Conscient des marges d’amélioration importantes dans le domaine de l’habitat, premier consommateur d'énergie en France, l’Etat a mis en place un cadre réglementaire imposant progressivement une baisse de consommation dans le bâtiment. Mais cette transition a un coût substantiel, et certaines mesures environnementales comme la RE2018 ou la RT2020 viennent favoriser des énergies nettement plus carbonées.

Le bâtiment est un des piliers de la stratégie française de lutte contre le changement climatique. 43 % de la consommation énergétique nationale et 23 % des émissions de Gaz à effet de serre sont en effet liées à la consommation d'énergie du bâtiment. Aussi, la stratégie bas-carbone introduite par la loi de transition énergétique prévoit de diminuer de 87 % les émissions dans le bâtiment d’ici à 2050. Dans ce cadre, la RE2018 – qui rentrera en vigueur en 2020 – intègre le bilan Bepos, un indicateur permettant d'évaluer les émissions de gaz à effet de serre d’un bâtiment tout au long de son cycle de vie.

Une phase expérimentale avant la RE2018

Ce texte vise à ouvrir la voie à des bâtiments qui produisent plus d’énergie (chaleur, électricité) qu'ils n’en consomment (on parlera de bâtiments à énergie positive dits « Bepos »). Cet objectif peut être atteint de diverses façons : la limitation de la consommation des appareils ménagers, la récupération des eaux pluviales, l’usage de matériaux isolants, une ventilation qui récupère la chaleur, des panneaux solaires, des éoliennes… Pour l’heure, depuis la RT2012, une construction neuve doit impérativement consommer moins de 50 kWh d'énergie finale par m² et par an.

Pour arriver à un tel résultat, l’abandon de certains matériaux « traditionnels », peu performants (notamment le plastique, qui bénéficie d’un bilan carbone défavorable) est inévitable. L’idée étant de privilégier des nouvelles technologies plus avancées (double vitrage rempli à l’argon, mix Bois-Alu…). Cette approche prend aussi en compte le réemploi, le recyclage et la valorisation des matériaux après utilisation dans le bâtiment. Jacques Chanut, président de la Fédération française du bâtiment souligne cependant qu’avec les seuils imposés par la nouvelle réglementation il faut s’attendre à une hausse de prix.

Le coût d’un bâtiment à énergie positive

Les premiers modèles de maisons à énergie positive sont apparus dès 2014. Seulement, pour l’heure, les technologies sont assez nouvelles et la construction de bâtiments à énergie positive entrainerait un surcoût moyen estimé entre 8 et 11%. Pour une maison Bepos complète, le coût moyen de la construction en France avoisinerait en moyenne les 1200 € /m². Les hausses, par rapport au bâtiment traditionnel varient cependant beaucoup entre la ville et la campagne (où elles sont en moyenne quatre fois moins élevées qu’à Paris).

Quoi qu’il en soit, Patrick Vandromme, président de l’organisation LCA-FFB (qui regroupe Les Constructeurs et Aménageurs de la Fédération Française du Bâtiment) confirme les doutes de Jacques Chanut et n’a qu’une demande : « c’est qu’on nous laisse respirer. Arrêtons les normes : nous sommes désormais en chemin vers la RE2018, nous irons vers la RT2020, mais les règles se succèdent et se superposent. Nous nous battons pour que cela n’entraîne pas de surcoût trop élevé, mais il est certain que cela ne fera en aucun cas baisser le prix des maisons. »

Quelle énergie pour un bâtiment Bepos ?

Dans le bâtiment, les énergies primaires issues des ressources naturelles nécessitant peu voire pas de transformation (soleil, vent, eau mais aussi fioul ou gaz) se distinguent des énergies secondaires comme l’électricité ou le pétrole qui demandent davantage de transformation et de transport pour être utilisés. Depuis la fameuse RT2005 accentuée avec la RT2012, le coefficient énergétique de l’électricité est de 2,58 lorsqu’il est de 1 pour le fioul et le gaz. Le tout accentué par une valeur maximale de consommation d'énergie de 50 kWh/m2/an. Ces nouvelles règlementations sur le bâtiment français, tout en voulant réduire les émissions des constructions et des rénovations nationales, incitent au contraire les professionnels et les propriétaires à recourir à des émetteurs majeurs que sont le fioul et le gaz. Et ce, au détriment de l'électricité nettement moins polluante.

Malgré une facture annuelle moyenne électrique de 1 726€ (inférieure au fioul mais supérieure au gaz), l’électricité demeure l’énergie favorite dans l’Hexagone. Elle est, en effet, utilisée par 38 % des Français, devant le gaz (35%). Cela vient sans doute du fait que, pour le particulier, le matériel impliqué est facile à entretenir et peu cher d’installation. Il faut aussi souligner que, même si elle est plus chère, elle émet beaucoup moins de gaz à effet de serre (180g/CO2/kWh contre environ 250 pour le gaz et 300 pour le fioul, auxquels il faut ajouter la production de particules fines nocives pour la santé). Difficile à croire mais avec le système basé sur les énergies primaires de la règlementation actuelle ce sont pourtant ces derniers qui sont favorisés.

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