un verdict freine l’ouverture d’une mine d’uranium

Pour la première fois, un tribunal argentin donne raison aux communautés locales et s’oppose à un projet de mine à ciel ouvert dans la Quebrada de Humahuaca, une vallée de la Cordillère des Andes déclarée patrimoine de l’humanité en 2003.

Par GVadmin Publié le 7 mai 2010 à 15 h 05

Pour la première fois, un tribunal argentin donne raison aux communautés locales et s’oppose à un projet de mine à ciel ouvert dans la Quebrada de Humahuaca, une vallée de la Cordillère des Andes déclarée patrimoine de l’humanité en 2003.

Quebrada de Huamahuca
Quebrada de Huamahuaca - Photo Pierre Fleutot

Grâce à une politique minière libérale faisant la part belle aux concessionnaires (une loi limite le pourcentage perçu par l’état à 3% de la valeur du minéral brut) et surtout en raison de la flambée des cours des métaux précieux amorcée au début du millénaire, l’industrie minière a connu un véritable boom en Argentine au cours de la dernière décennie.

Les géants du secteur, canadiens, australiens ou américains, ont développé des projets titanesques de mines à ciel ouvert, et face à l’activité économique générée, les préoccupations environnementales sont souvent passées au second plan.

Pourtant, peut-être en raison du caractère emblématique de la vallée de Humahuaca, haut lieu touristique et culturel argentin, le dernier projet en date, visant à extraire de l’uranium dans cette zone, s’est heurté à une forte opposition de la part des communautés indigènes environnantes.

Les habitants de la ville de Tilcara ont ainsi demandé l’annulation des permis accordés à l’entreprise qui prévoit l’extraction du minerai radioactif.

D’abord rejetée par le tribunal administratif, leur requête devra finalement être réexaminée, sur ordre du tribunal supérieur de la province de Jujuy. Cette décision s’appuie notamment sur une loi environnementale datant de 2002, qui indique qu’en cas de menace environnementale grave, l’état est tenu de prendre les mesures qui s’imposent afin de garantir l’intégrité de l'environnement et des populations, avant que des dégâts environnementaux ne puissent avoir lieu. Le juge chargé de l’affaire a par ailleurs insisté sur le fait qu’il incombait à l’état et aux entreprises incriminées de prouver l’inexistence et l’impossibilité de tels dommages environnementaux. Un point essentiel, car il appartenait jusqu’alors aux plaignants d’apporter la preuve des préjudices subis.

Or l’exploitation minière à grande échelle, les mines à ciel ouvert en particulier, affecte de manière indéniable les écosystèmes des zones concernées. À la destruction des reliefs s’ajoute en particulier une double atteinte des ressources hydriques. Les mines favorisent en effet l’assèchement des nappes phréatiques et des cours d’eau, et elles participent à la pollution durable de ces derniers. Les procédés d’extraction nécessitent l’utilisation quotidienne de millions de litres d’eau : une ressource extrêmement précieuse dans cette zone pauvre et aride, où les populations locales subsistent grâce à l’agriculture.

Pour l’instant, à Tilcara, l’heure est à la fête, et on savoure cette victoire arrachée in-extremis. Pourtant, le combat est loin d’être terminé ; car l’extrême richesse du sous-sol argentin, qui regorge d’or, de cuivre, de lithium et d’uranium, n’a pas fini de susciter des convoitises.

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