Halte au Greenwashing !

Victoire ! Après plusieurs décennies de lutte, les écologistes semblent avoir réussi à nous inculquer les principes du développement durable à nous, consommateurs, à nos gouvernants et à notre industrie. Partout ce n’est plus que conscience, planète et éthique. Pourtant, à y regarder de plus près, notre …

Par GVadmin Modifié le 10 avril 2012 à 13 h 04

Victoire ! Après plusieurs décennies de lutte, les écologistes semblent avoir réussi à nous inculquer les principes du développement durable à nous, consommateurs, à nos gouvernants et à notre industrie. Partout ce n’est plus que conscience, planète et éthique. Pourtant, à y regarder de plus près, notre mode de vie et de consommation n’a pas vraiment changé. Que cache alors cette peinture verte ?

© Alex Bramwell

La langue anglaise est sans nul doute celle qui se prête le mieux aux néologismes, et ce n’est pas un hasard si c’est le terme greenwashing (littéralement le "lavage en vert") qui désigne aujourd’hui le comportement de ces entreprises qui tentent de nous convaincre à grand renfort de plans de communication qu’elles font tout ce qui est en leur pouvoir pour respecter la planète et préserver l’environnement.

En réponse aux nouvelles préoccupations des consommateurs, dans un acte d’auto-compassion, la société concède à un nombre croissant de produits l’appellation écologique ou durable. Pourtant, la plupart d’entre eux continuent d’être intrinsèquement incompatibles avec toute notion de durabilité, et ces mentions douteuses ne visent qu’à alléger nos consciences afin de nous permettre de continuer à consommer à un rythme effréné.

Le greenwashing s’applique ainsi aux industries les plus polluantes et aux emballages les plus nocifs pour l’environnement : une fois peints en vert, sur fond de paysages évoquant la nature sauvage et intacte, ils sont accompagnés de slogans qui leur sont totalement étrangers. L’industrie du tourisme promet de nous conduire au cœur des espaces naturels vierges, et nous invite pour cela à brûler des tonnes de combustibles fossiles en avion, en permettant toutefois à ceux qui éprouveraient du remord de compenser leurs émissions en payant pour que d’autres plantent des arbres à leur place.

Sous couvert eux aussi de vouloir nous connecter avec la nature, les constructeurs automobiles ont même réussi à vendre des 4x4 aux populations urbaines. Si la plupart de ces véhicules ne sont jamais sortis des villes, ils auront en revanche consommé le double de carburant tout au long de leur vie utile.

Le qualificatif écologique est appliqué de manière irrationnelle et absurde à tout et n’importe quoi ; pour preuve, une récente campagne publicitaire pour des bouteilles dites "vertes" car contenant 15 % de plastique de moins que les anciens modèles, mais qui ne remet pas en cause le gaspillage que provoque ce type d’emballage non réutilisable.

Le recyclage s’est transformé en prétexte nous permettant de continuer à consommer des produits non durables. Or seule une infime partie des matériaux récupérés sert vraiment à fabriquer de nouveaux produits similaires, le plastique recyclé n’offrant par exemple que peu de possibilités de réutilisation en raison de sa mauvaise qualité.

On peut comprendre que les processus d’amélioration des performances environnementales dans les entreprises soient longs et difficiles, mais cela ne devrait pas les autoriser à pratiquer la désinformation. Au lieu de laisser les entreprises dissimuler leurs mauvaises pratiques par le biais de coûteuses campagnes publicitaires, l’État devrait les contraindre à assumer la pollution et le gaspillage qu’elles provoquent, afin que les efforts des entreprises qui cherchent vraiment à diminuer leur empreinte écologique ne passent plus inaperçus au milieu de cette marée verte artificielle.

La Nacion.com.ar

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