le maïs sacré des Mayas

À contre-courant des nouveaux modes de production agricole, trop dépendants des semences améliorées, des fertilisants et des pesticides, les paysans les plus modestes de l’état du Chiapas tentent de réhabiliter l’agriculture traditionnelle. En plantant les graines sélectionnées pendant des siècles par…

Par GVadmin Publié le 20 août 2010 à 9 h 45

À contre-courant des nouveaux modes de production agricole, trop dépendants des semences améliorées, des fertilisants et des pesticides, les paysans les plus modestes de l’état du Chiapas tentent de réhabiliter l’agriculture traditionnelle. En plantant les graines sélectionnées pendant des siècles par leurs ancêtres et en pratiquant le milpa, une technique consistant à mélanger différentes cultures sur une même parcelle, ils espèrent retrouver leur souveraineté alimentaire.

Milpa dans la région du Mixtepec, Mexique © Isabelle Fragniere

Le milpa n’est pas un simple champ de maïs : c’est tout un pan de la culture mésoaméricaine. Hérité principalement des Mayas, il revêt un aspect sacré pour les communautés de cette région du globe. Le milpa fait référence à l’espace physique, aux espèces semées et à la récolte qu’elles permettront, et désigne aussi les connaissances, les techniques et les pratiques agricoles transmises durant des millénaires.

Ce système d’exploitation de la terre associe généralement trois végétaux sur un même terrain : le maïs, la courge et le haricot. Selon le climat et la région, le poivron vient compléter ce trio. Le maïs offre au haricot des tuteurs naturels, et la complémentarité de ces cultures permet de limiter les besoins en engrais. Il s’agit d’une culture à petite échelle, non mécanisable.

Pour les milperos, les paysans qui pratiquent le milpa, l’élément le plus important, ce sont les semences indigènes. Même lorsqu’ils ont été contraints d’abandonner leur terre, comme ce fut le cas pour les indiens Mam, qui quittèrent le Guatemala il y a 150 ans pour s’installer au Mexique, il aura suffi d’une poignée de graines au fond des poches pour préserver des espèces qui ne sont répertoriées par aucun organisme officiel. Si les variétés modernes se sont révélées plus productives au cours des 40 dernières années, alors que ces régions jouissaient d’une relative stabilité climatique, certains spécialistes estiment aujourd’hui que les graines indigènes résistent mieux aux changements de régime de précipitations, aux sécheresses et aux tempêtes tropicales provoquées par le réchauffement planétaire. Les semences locales ont bénéficié en effet de centaines, voire de milliers d’années, pour s’adapter aux conditions climatiques micro-régionales.

Il va sans dire que la mise en œuvre du milpa se traduit également par une réduction importante des coûts, puisqu’elle n’implique pas l’utilisation de fertilisants, de pesticides ou de matériel agricole sophistiqué. Elle représente souvent la seule alternative pour les petits paysans pratiquant l’agriculture de subsistance.

Aujourd’hui, les milperos se battent pour que leur travail de sélection de graines indigènes soit reconnu. Au Chiapas, 2 000 producteurs appartenant à 50 communautés autochtones ont réussi à obtenir des fonds afin de financer un processus de transition vers une agriculture durable basée sur la reproduction des semences locales. Par ailleurs, l’état s’est engagé à préserver la tradition du milpa, et avec elle la biodiversité, en lançant en 2009 un programme baptisé 'Maïs Criollo' (maïs autochtone). À travers de nombreux projets communautaires, les différentes variétés de maïs sont peu à peu cataloguées, et leur culture encouragée.

Ecoportal

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