Réintroduction controversée des caïmans pour le commerce de leurs peaux

Alors que 7 000 caïmans élevés en captivité s’apprêtent à réintégrer progressivement les rivières et les marécages qui constituent leur habitat naturel, des voix s’élèvent …

Par GVadmin Modifié le 10 avril 2012 à 13 h 25

Alors que 7 000 caïmans élevés en captivité s’apprêtent à réintégrer progressivement les rivières et les marécages qui constituent leur habitat naturel, des voix s’élèvent pour dénoncer les conséquences de ce projet sur les ressources alimentaires des communautés locales.

Caïman Jacara

Que l’on ne s’y trompe pas : malgré les préoccupations écologistes affichées, cette initiative cherche également à augmenter la rentabilité d’une filière florissante, qui permet à la Colombie d’exporter chaque année près de 350 000 peaux de caïmans vers des pays comme le Mexique, Singapour ou la Thaïlande. Elles serviront entre autres à fabriquer des ceintures, des sacs ou des chaussures.

Près de 800 caïmans bruns, une sous espèce du caïman à lunettes, ont déjà été lâchés dans le cadre d’un programme mis en œuvre par l’entreprise Colombian CROCO. Âgés de deux ans, les jeunes reptiles mesurent déjà entre 75 et 90 cm et iront repeupler les cours d’eau de Barranco de Loba, dans le département de Bolívar. Hernando Marriaga, gérant commercial et propriétaire de l’entreprise, explique que le but de l’opération est de disposer de reproducteurs en milieu naturel afin de diminuer les coûts de production. Colombian CROCO exporte chaque année quelques 25 000 peaux de caïmans d’élevage, vendues entre 10 et 25 dollars pièce selon leur taille.

Mais parmi les habitants de Barranco de Loba, une petite ville bâtie sur les berges du fleuve Magdalena, le cours d’eau le plus important de Colombie, on voit d’un mauvais œil cette réintroduction massive, accusée de mettre en péril l’équilibre des écosystèmes. Selon les professionnels locaux, les caïmans risquent de décimer les populations d’arencas, un poisson qui constitue la base de l’alimentation de la population.

Cette région de Colombie est extrêmement pauvre et difficile d’accès : depuis Cartagena de Indias, la capitale du département de Bolívar, 5 heures de route suivies de 2 heures de navigation sur le Magdalena sont nécessaires pour atteindre Barranco de Loba. Récemment encore, cette zone a été le théâtre d’affrontements entre les paramilitaires, les FARC, l’Armée de libération nationale (l’ELN) et l’extrême-droite armée (l’AUC), qui se disputaient le contrôle des mines d’or de la région. Aujourd’hui, le calme semble être revenu, et seuls les caïmans auront peut-être du mal à sauver leur peau…

terra.com.co

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