l’heure de la réforme n’a pas encore sonné

Porté par une croissance économique forte (la projection de croissance pour 2010 a encore été rehaussé à 7,2%) et une formalisation constante du travail, qui engendrent une hausse des cotisations, le Brésil ne se soucie guère d’une réforme de son régime de retraites.

Par GVadmin Modifié le 10 avril 2012 à 11 h 12

Porté par une croissance économique forte (la projection de croissance pour 2010 a encore été rehaussée à 7,2%) et une formalisation constante du travail, qui engendrent une hausse des cotisations, le Brésil ne se soucie guère d'une réforme de son régime de retraites. La question a d'ailleurs été presque totalement écartée du débat à l'élection présidentielle, aucun candidat n'ayant jugé opportun de présenter des propositions à ce sujet.

Pourtant, une étude récente de l'IPEA (Institut de Recherche en Économie Appliquée) a montré que le pays dépense 12% de son PIB dans le paiement des retraites et pensions des secteurs privé et public. Ce qui place le Brésil à la 14ème place mondiale pour ce type de dépenses. En outre, la population vieillissante laisse présager une explosion future d'un déficit déjà important du régime (qui devrait atteindre 47 milliards de R$, soit 20 milliards d'euros).  Mais ces projections n'aboutissent toujours pas à un embryon de débat sur la nécessité d'une réforme qui, à terme, est pourtant inéluctable.

Pour Felipe Solto, économiste :

La réforme est une question à moyen et long terme. Elle est nécessaire, pas simplement pour augmenter les cotisations, mais pour que le système soit plus juste et plus durable d'un point de vue fiscal .

Mais nous sommes loin d'un consensus concernant la réforme. Certains voient dans les retraites une forme de redistribution du revenu et un moteur de croissance qui a donc vocation à être déficitaire.

La question qui suscite le plus de polémiques est celle de l'âge minimum. Pour l'instant, le régime fonctionne sur la base du temps de cotisation, sans limite d'âge.

Or, de 2000 à 2006, les retraités brésiliens en région urbaine partaient à la retraite en moyenne à 53,8 ans (51,2 ans pour les femmes). Avec l'amélioration de l'espérance de vie, beaucoup pensent que ceci doit être revu. Ce n'est pas le cas de Denise Gentil, économiste à l'Université Fédérale de Rio de Janeiro, qui affirme :

A quoi cela nous avance-t-il d'imposer un âge minimum de 65 ans, si dans la pratique, les plus de 40 ans ont du mal à trouver un emploi ?

Pour elle, la meilleure réforme réside dans une croissance accompagnée d'un recul du travail informel.
Pour Salto, la seule croissance ne suffit pas à régler le problème posé par la pyramide des âges. D'autant plus que la hausse des dépenses de retraite affectera d'autres portefeuilles comme l'éducation et les infrastructures.

Là où les avis convergent, c'est sur l'aspect inégalitaire du système. De nombreux fonctionnaires publics bénéficient d'une retraite équivalente à 100% de leur dernier salaire, même pour ceux ayant cotisé pendant moins de 10 ans. Et dès qu'une hausse de salaire est décidée pour la fonction publique, elle est immédiatement appliquée aux retraités du même secteur. Par conséquent, depuis 2000, les dépenses pour la retraite des fonctionnaires publics ont augmenté trois fois plus vite que l'inflation. On assiste ainsi à une concentration des revenus dans les mains de privilégiés au lieu d'une distribution.

Chiffres :

  • Taux de couverture  : 67% de la population active cotise (61,7% en 1992)
  • soit 56,5 millions de personnes entre 16 et 59 ans.
  • Un déficit du régime des retraites en baisse : estimé à 46 milliards de R$ (20 milliards d'euros) pour 2010, soit moitié moins que le déficit de 2009 (90 milliards de R$)
  • Une hausse des plafonds : en 2003, un amendement a élevé le plafond mensuel de 1 869 R$ à 2 400 R$ (un peu plus de 1000 euros). Cette révision des pensions, qui concerne 154 000 retraités, coûtera 1,5 milliards de R$
  • L'épargne retraite privée est en hausse de 16% en 2009 mais elle ne concerne que 4% de la population. Seulement 1% des famille des classes C et D, les plus pauvres, épargnent, poussées par les facilités de crédit à la consommation, elles ont tendance à s'endetter pour accéder aux biens d'équipements basiques (frigo, télé, voiture, machines à laver). Au contraire, 10% des foyers des classes A et B (qui gagnent plus de 10 salaires minimum par mois) ont recours à l'épargne complémentaire privée.
  • Formalisation du travail : le programme de l'Entrepreneur Individuel consiste à offrir un statut formel à des millions de petits artisans, commerçants ou prestataires de services (qui facturent jusqu'à 15 000 euros par an) en échange de  cotisations faibles au sein d'un système fiscal simplifié. Ce sont surtout des femmes qui en ont bénéficié.

estadao.com.br/ 1

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