Futurs retraités ou génération perdue

Pour comprendre pourquoi les Français adhérent massivement aux protestations contre la réforme des retraites, il faut se tourner vers ses jeunes. Dans un pays qui a perdu sa foi en l’avenir, …

Par GVadmin Publié le 7 octobre 2010 à 7 h 45

Pour comprendre pourquoi les Français adhérent massivement aux protestations contre la réforme des retraites, il faut se tourner vers ses jeunes. Dans un pays qui a perdu sa foi en l’avenir, le sentiment d’injustice sociale naît dès l’entrée dans la vie active.

Alors que la France retient son souffle à l’approche d’une éventuelle radicalisation du mouvement de protestation, les jeunes Français ont rejoint les rangs des manifestants et leur rôle pourrait bien s’avérer décisif dans le bras de fer qui s’est engagé avec le gouvernement de Nicolas Sarkozy. Jugé injuste par près de 2/3 de la population, le projet de financement des retraites concerne directement les jeunes : ce sont eux qui verront leur durée de cotisation augmenter de deux ans, tandis que cet allongement se fera de manière graduelle pour les travailleurs approchant l’âge légal de départ. Ils redoutent également que le maintien prolongé des seniors sur le marché du travail ne vienne amplifier le taux de chômage des jeunes actifs.

L’Organisation Internationale du Travail, (OIT) n’hésite pas à parler de 'génération perdue' et l’on sent bien que le pessimisme est de mise au sein de la jeunesse française. 'Ni travail, ni logement', voici, grosso modo, le constat amer que dressent les nouveaux arrivants sur le marché de l’emploi. Les chiffres sont là pour appuyer ce sombre panorama : en 2010, le chômage des jeunes atteint 24% : le double de l’Allemagne.

Les diplômes ne suffisent plus à décrocher un premier emploi, la plupart des entreprises exigeant également plusieurs années d’expérience. Plus alarmant encore, seuls 26% des jeunes français déclarent être confiants en l’avenir, contre 60% au Danemark ou 54% aux États-Unis. Alors que les loyers ne cessent de grimper, les conditions d’accès au logement sont sans cesse plus draconiennes, et rares sont ceux qui ont la chance de souscrire aux conditions imposées par les agences immobilières. Comment justifier de revenus deux à trois fois supérieurs au montant des loyers, lorsque 24% des 18-24 ans vivent en dessous du seuil de pauvreté ?

Les 80 mesures spécifiques adoptées par les gouvernements successifs pendant près de 30 ans n’y ont rien changé ; l’insertion des jeunes dans la vie active ressemble de plus en plus à un parcours du combattant semé d’obstacles et d’humiliations. Pas étonnant que la jeunesse actuelle soit décrite comme 'désabusée, peinant à se projeter dans l’avenir', et considère 'que les études et les efforts ne paient plus', selon un récent sondage Ipsos.

C’est pourtant sur leurs épaules que repose l’avenir du système français de retraite par répartition. Le gouvernement de Nicolas Sarkozy devra leur redonner espoir et tenter de les convaincre du bien-fondé de son projet de réforme, s’il veut éviter qu’ils ne rejoignent massivement les rangs des protestants. Par le passé, les jeunes français ont déjà démontré leur capacité à faire fléchir le gouvernement. Mieux vaut pour lui qu’ils n’entrent pas dans la bataille.

pagina12.com.ar

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