Entretien avec Olivier Dubois, coordinateur du programme Bioénergie de la FAO

Par melanie.mangold Modifié le 13 décembre 2012 à 12 h 23

Green et Vert - Que pensez-vous du biogaz comme biocarburant ?

Olivier Dubois - Le biogaz est le biocarburant qui pose le moins de risques techniques connus à ce jour. Il peut être utilisé à petite et grande échelle, et il n’est pas incompatible avec l’amendement du sol et la crise alimentaire. La mise en place de son système de production est plus simple que pour d’autres systèmes bien plus complexes requérant de nombreuses phases de production. En plus, il a déjà fait ses preuves au Vietnam, au Népal ou en Chine.

G&V - Que pensez-vous de la certification de l’éthanol ?

O.D - L’étiquetage est une question bien plus épineuse qu’elle ne paraît. La certification du secteur du bois, par exemple, n’a pas résolu le problème du déboisement, car ce sont souvent les entreprises les plus engagées dans la bonne gestion des exploitations forestières qui adoptent le label vert. 80% des bois certifiés sont originaires des pays de l’OCDE. Or nous savons que les problèmes de surexploitation du bois sont bien souvent dans les pays du Sud. Compte tenu des coûts et en l’absence de marché, ce sont les mêmes problèmes auxquels va faire face l’éthanol. Autrement dit, la certification, c’est très joli, mais sa mise en place est très compliquée et ne garantit pas le respect de l’environnement.

G&V - Faut-il réduire les financements étatiques ?

O.D - Encore une question sujette à la grande controverse! De nombreuses personnes disent qu’il y a trop de subsides pour les secteurs des carburants fossiles et des biocarburants. Le problème est que lorsque l’on parle des bioénergies il faut immanquablement des subsides. Sans cela, les entreprises ne se lanceront pas facilement dans la phase de recherche et développement. C’est bien beau de dire que le pollueur paie, mais cela ne doit pas avoir de répercussion sur le petit paysan.

Les financements publics sont par ailleurs utiles quand c’est pour améliorer la performance environnementale. Si l’on supprime les subsides, on produira moins de carburants fossiles, mais les habitants des campagnes auront toujours besoin de leur bidon de pétrole.

G&V - Que peut-on faire pour favoriser le financement des petits paysans ?

O.D - Il y a beaucoup de progrès en matière de microcrédits concernant les énergies renouvelables. Ce qu’il faut faire, c’est de fournir aux gouvernements des outils politiques pour séparer l’ivraie du bon grain.

G&V - Doit-on créer une instance de régulation et de contrôle pour minimiser les dérapages liés à la production des biocarburants (spéculation, déforestation…) ?

O.D - D’un point de vue général, les systèmes de régulation et de contrôle ne sont pas suffisants. On ne peut pas tout contrôler, ni partout ni en même temps. Il faut combiner la régulation aux mécanismes de marché. Nestlé a par exemple décidé de ne pas acheter d’huile de palme si elle n’est pas certifiée. Avec la pression du consommateur, le gouvernement devient un complément du marché. Il faut la carotte et le bâton.

Par ailleurs, je pense que l’Organisation des Nations Unies est la meilleure instance pour rassembler les différents acteurs du secteur des biocarburants. Peut-être que prochainement une instance collégiale destinée à rassembler les sources d’information et proposer des solutions innovantes verra le jour.

Propos recueillis par Sonia Eyaan

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