Les couturières du sud brisent leurs chaînes

Échapper à l’atelier clandestin, à des salaires de misère et à des conditions de travail sordides pour créer une coopérative et prendre en main leur destin : c’est le tour de force de ces travailleuses argentines et thaïlandaises …

Par GVadmin Publié le 12 novembre 2010 à 7 h 35

Échapper à l’atelier clandestin, à des salaires de misère et à des conditions de travail sordides pour créer une coopérative et prendre en main leur destin : c’est le tour de force de ces travailleuses argentines et thaïlandaises qui ont décidé de s’unir afin de lancer la marque No Chains et de lutter ensemble contre l’esclavage des temps modernes.

© Irina Tischenko

Malgré les milliers de kilomètres qui les séparent, ces femmes ont partagé le même quotidien pendant des années, avant de pouvoir accéder à un travail digne de ce nom. En Argentine, plus particulièrement à Buenos Aires, les ateliers textiles clandestins sont un problème récurrent : leur nombre est estimé à plusieurs milliers par le gouvernement. La plupart des ouvriers sont des immigrés boliviens sans-papiers, qui travaillent et dorment dans les sous-sols de la capitale, à l’abri des regards.

En Thaïlande, la situation est tout aussi déplorable ; l’exploitation et les mauvais traitements infligés aux travailleurs sont perçus comme une fatalité. C’est ce qui a poussé les organisations argentine Mundo Alameda et thaïlandaise Dignity Returns, toutes deux créées par des ouvrières du textile ayant travaillées dans des conditions proches de l’esclavage, à s’associer en 2009.

Après avoir sélectionné des modèles et des motifs d’impression grâce à un concours international, la marque No Chains a vu le jour un an plus tard. Cela fait maintenant quatre mois que les deux coopératives ont commencé la production de tee-shirts, de sacs et de casquettes disponibles sur Internet, sur les salons et dans quelques boutiques. Les ventes peinent à décoller, mais Boosaba Meechai, la directrice de Dignity Returns et Olga Cruz, de Mundo Alameda, restent optimistes et constatent que la marque gagne en notoriété au niveau international.

Attirés par la qualité de leur production, certains clients proposent parfois d’acheter plusieurs milliers d’articles d’un coup, espérant obtenir des rabais importants. Mais produire à moindre coût impliquerait un retour à des cadences infernales, et les travailleuses s’y refusent. Elles préfèrent vendre à d’autres clients qui acceptent de réduire leurs marges et respectent leurs conditions de production. Bien souvent, il s’agit d’ONG qui réalisent des campagnes contre le travail forcé, les OGM, ou pour des causes environnementales.

Avant d’intégrer ces associations, beaucoup de couturières ont confectionné des années durant des produits destinés à de grandes marques comme Nike, Gap, Reebok ou Puma. Même lorsqu’il s’agissait d’activités déclarées, les rythmes de travail étaient insoutenables, les pauses ou les jours de repos inexistants, et les ouvriers vivaient souvent à l’intérieur même des ateliers, dont ils ne sortaient presque jamais.

Boosaba Meechai explique que ces méthodes sont courantes en Asie : la plupart des travailleuses estiment même qu’elles ont un rythme de vie normal et n’essayent pas de lutter pour défendre leurs droits. C’est pourquoi Dignity Returns cherche aujourd’hui à créer un réseau d’organisations similaires dans d’autres pays, comme le Cambodge, l’Indonésie et les Philippines. De son côté, la coopérative argentine essaie de propager l'initiative aux provinces voisines, afin d’étendre la production à d’autres types de vêtements.

ipsnoticias.net

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