La mort de l’Empereur d’Exmoor

Dans son habituel style de presse à scandale, le journal anglais The Telegraph annonce la mort de l’Empereur d’Exmoor, un cerf considéré comme le plus grand animal sauvage de Grande-Bretagne.

Par GVadmin Publié le 14 novembre 2010 à 7 h 20

Dans son habituel style de presse à scandale, le journal anglais The Telegraph annonce la mort de l’Empereur d’Exmoor, un cerf considéré comme le plus grand animal sauvage de Grande-Bretagne. Volontairement provocateur, le journaliste Rory Knight Bruce, n’hésite pas à présenter les bienfaits de la chasse aux cerfs et prône une 'sélection naturelle forcée'.

Cerf élaphe, Écosse

Qui a tué l’Empereur d’Exmoor ? Un titre digne d’Agatha Christie. Le cerf, considéré comme l’un des plus grands animaux sauvages de Grande-Bretagne (2,70 m et 136 kg), a été abattu par des chasseurs de trophées pour ses bois, qui pourraient rapporter jusqu’à 10 000 £ (11 400 €).

Pour les personnes qui vivent, travaillent ou chassent dans la région d’Exmoor (au sud-ouest de l’Angleterre), c’est un jour de deuil. Le cerf était un symbole dans la région : celui du parc national, de plusieurs marques de bière et même d’une laverie.

Cet incident a naturellement entraîné une habituelle série de condamnations de la 'chasse à l’approche', de la chasse en général et de la vie rurale. Peter Donnelly, expert autoproclamé en surveillance des cerfs à Exmoor, considère ce meurtre (si c’est bien ce dont il s’agit) comme une honte.

Si nous nous préoccupions de l’avenir des cerfs, a-t-il dit, nous devrions arrêter toutes les persécutions à cette période.

Un mal pour un bien

Pourtant, bien que personne ne se réjouisse de la mort de l’Empereur, nous ne devrions pas non plus décrier l’événement. La chasse à l’approche en automne est tout à fait légale dans la région d’Exmoor et en Écosse, et permet d’assainir et de contrôler la population de cerfs élaphes. Graham Downing, rédacteur de la revue de la Société britannique de protection des cerfs explique :

Un propriétaire a le droit de tuer le cerf élaphe qui s’aventure sur ses terres, même comme trophée. C’est bien évidemment très triste d’apprendre la mort d’un animal particulièrement magnifique, mais il allait bien mourir un jour ou l’autre.

En effet, à l’âge de 12 ans, l’Empereur arrivait pratiquement au terme de sa période de reproduction. Et le tri éliminatoire ne leur rend pas seulement service, il est également nécessaire à la fois pour contrôler la population de cerfs élaphe et pour sa santé. Comme l’explique Tim Bonner, directeur politique de la Countryside Alliance (Alliance de la campagne) :

Ce cerf était sans doute arrivé à un stade de sa vie où il se serait accouplé avec ses filles et ses petites-filles, ce qui aurait considérablement réduit la virilité et la santé du troupeau. »

Sans parler des dommages que les cerfs élaphes d’Exmoor font dans la forêt, eux qui sont passé entre 500 et 800 en 1972 à 3 000 aujourd’hui.

L’économie en profite aussi

La 'chasse à l’approche' n’est pas seulement nécessaire, elle apporte aussi une contribution précieuse à l’économie précaire d’Exmoor. Les chasseurs, présents pour se presser dans les magnifiques forêts derrière des meutes de chiens en pleine action, donnaient un coup de fouet à l’économie rurale en louant des chevaux, en se restaurant dans les pubs et en utilisant les services des boutiques locales et de la poste.

On comptait peut-être 200 de ces cavaliers certains jours d’affluence. Depuis 2005, cependant, cette activité a totalement disparu. Les hôtels d’Exmoor sont devenus des résidences secondaires de banquiers puisque les chasseurs préfèrent s’enfuir vers la France. L’économie d’Exmoor, aussi fragile qu’un habitat sauvage, dépend désormais en grande partie de la chasse aux faisans et à la perdrix, pour laquelle les commerces de la région importent peu aux chasseurs visiteurs.

Il fallait s’y attendre avec une mauvaise loi qui persécute la chasse à courre

..., affirme Guy Thomas-Everard, grand propriétaire d’Exmoor et vice-président des Devon and Somerset Staghounds (chiens courants du Devon et du Somerset).

Nous les chasseurs, nous permettons à ce qu’un nombre modéré de cerfs soit abattu. [Sans réglementation adéquate], ce genre de tuerie se produira à grande échelle. Attention, les gens commencent vraiment à tirer dans le tas, au sens propre.

telegraph.co.uk

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