Autonomie urbaine et sécurité alimentaire

Par melanie.mangold Modifié le 10 avril 2012 à 14 h 47

L'augmentation de la population mondiale va de pair avec l'augmentation substantielle des besoins en approvisionnements alimentaires. Mais ceux-ci sont dépendants des fluctuations des marchés internationaux des denrées agricoles et de la stratégie de la grande distribution.

©FAO / Jon Spaull

Markéta Supkova, consultante en Développement Durable spécialiste de l'autonomie alimentaire des villes explique :

Il suffit de regarder notre assiette pour constater qu’aujourd’hui, seulement une infime part de ce que nous mangeons provient de la production locale. La sécurité alimentaire des citadins dépend donc d’un système mondialisé, très peu résilient et de ce fait très fragile.

Dans les pays du sud où travaille le Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (CIRAD), c'est une alimentation de qualité qui est mise en avant. Nicolas Bricas, socio-économiste, explique que la clé réside dans le maintien d'une agriculture paysanne sans laquelle les risques sont grands :

Il y a effectivement un risque d'accélération de la marginalisation des petits producteurs et transformateurs, pas uniquement du fait de l'industrialisation de la transformation et de la distribution, mais du fait de la multiplication accélérée des normes sanitaires, environnementales et sociales imposées par les pays industrialisés.

Pour s'adapter à ce changement, des modèles d'agricultures raisonnés voient le jour, en ville comme dans les campagnes. Entre autres, la FAO cherche à soutenir des systèmes alimentaires locaux autour des villes. Ils permettent de garder une eau de qualité, des éléments nutritifs et ainsi garantir une sécurité alimentaire. Car les villes produisent, à elles seules 70% de tous les déchets et gaz à effet de serre ; et seulement 35% d'entre elles traitent leurs eaux usées.

Savoir-faire traditionnel et petite production réduisent les risques liés à la présence de contaminants et de toxiques et protège contre les crises du secteur :

Les filières alimentaires marchandes en Afrique sub-saharienne sont plutôt dominées par le secteur artisanal des micro-entreprises pour la transformation et du micro-commerce pour la distribution, articulées à des réseaux commerçants où les grossistes entretiennent d'importants réseaux de rabatteurs ruraux.

L’agriculture de proximité, facteur de lien social

À mesure que l’urbanisation gagne du terrain – particulièrement dans les pays en voie de développement – vient la nécessité de repenser l'ensemble du système alimentaire. L’agriculture urbaine et périurbaine semble pour certains l’une des solutions à privilégier.

Nés à New York au début des années 1970, les jardins communautaires fleurissent un peu partout sur la planète. Leur vocation est d’améliorer l'approvisionnement des villes en produits frais nutritifs ; et de cultiver le lien social. C’est notamment le cas en Espagne où en mettant gratuitement à la disposition des retraités des parcelles destinées à la production maraîchère à petite échelle, la ville de Murcia -le potager de l'Europe- tente d’encourager l’agriculture biologique individuelle ; et lutte ainsi contre la solitude des seniors tout en complétant leur revenus (note : un potager comptabilise/ou rapporte, sur une année, l’équivalent d’un revenu mensuel pour un pays comme la France). Aux Iles Fidji, l’association de jeunes Dudley Methodist Youth Fellowship mise également sur les micro-potagers pour nourrir les plus démunis et les aider à se réinsérer dans la société. En plus de leurs activités de banque alimentaire, l’ONG distribue des graines d’aubergine et autres plantes en pot aux squatteurs de Nanuku afin qu’ils puissent faire pousser leurs propres légumes.

© FAO / Giuseppe Bizzarri

L'importance du transfert de savoir-faire

Mais si les techniques de l’agriculture urbaine sont assimilées dans la plupart des pays occidentaux, ce n’est pas toujours le cas dans les pays pauvres. C’est la solidarité internationale qui facilite le transfert de savoir. En Haïti, et malgré le séisme, des agronomes argentins membres du programme Pro-Huerta s’efforcent depuis cinq ans d’enseigner aux Haïtiens l’art de cultiver son potager. Les résultats sont encourageants. Pas moins de 90 000 habitants ont appris grâce à des sessions de formation à cultiver un ti jaden òganik.

A Dakar, capitale du Sénégal un projet issu de l'Horticulture Urbaine et Péri-urbaine a vu le jour grâce à la coopération avec la ville de Milan, qui consiste à développer des micro-jardins dans une cour ou sur les toits pour les populations locales. Madame Mame Penda Diouf, formatrice en micro-jardin est heureuse de participer à cette collaboration Nord-Sud.

Le développement des micro-potagers est la solution à l’autosuffisance alimentaire de l’Afrique. Cette activité assure des revenus aux femmes et leur permet de nourrir sainement leur famille. Par ailleurs, la transformation des déchets organiques en engrais est une solution alternative à la collecte et au traitement des déchets.

Selon la FAO,

Les micro-jardins peuvent procurer jusqu'à 3 dollars de revenu par jour aux familles pauvres.

Un projet d’agriculture urbaine de la FAO a permis à vingt familles colombiennes de se lancer dans l’agriculture de proximité. Réunies au sein de l'Association des agriculteurs de San Vicente, les familles ont débuté leur activité en vendant des fruits et des légumes à leurs voisins. Aujourd’hui, la communauté d’agriculteurs possède un jardin de 80m² et vend à une cantine scolaire 25kg de légumes par semaine produits sur 40m².

Aucun commentaire à «Autonomie urbaine et sécurité alimentaire»

Laisser un commentaire

* Champs requis

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.