De nouvelles plantes fourragères pour réduire les gaz des ruminants

En étudiant une graminée destinée à l’alimentation du bétail, des chercheurs colombiens ont identifié un composé qui fixe l’azote et diminue les rejets de N2O, un puissant gaz à effet de serre …

Par GVadmin Modifié le 10 avril 2012 à 9 h 30

En étudiant une graminée destinée à l’alimentation du bétail, des chercheurs colombiens ont identifié un composé qui fixe l’azote et diminue les rejets de N2O, un puissant gaz à effet de serre. Les éleveurs colombiens commencent également à semer une légumineuse qui réduit la production de méthane lors de la rumination tout en augmentant les quantités de lait produites.

Culture de Brachiaria en Colombie

Accusé de générer près de 13% des gaz à effet de serre (GES) au niveau mondial, le secteur de l’élevage fait l’objet de nombreuses recherches scientifiques en Colombie, pays qui compte plus de 24 millions de têtes de bétail.

C’est ainsi que le Centre International pour l’Agriculture Tropicale (CIAT) a découvert la brachialactona, un composé chimique capable d’augmenter la fixation microbienne de l’azote atmosphérique et d’inhiber la nitrification biologique (une étape du cycle naturel de l’azote) afin d’éviter la libération de protoxyde d’azote (N2O) dans l’atmosphère.

La brachialactona tire son nom de l’espèce de graminée Brachiaria humidicola, une plante fourragère rustique originaire d’Afrique, très résistante aux inondations et à la sécheresse, qui produit le composé au niveau de ses racines.

En Colombie, il existe entre 100 et 200 espèces de Brachiaria, mais les éleveurs rechignent à les employer. Selon eux, ces variétés sont difficiles à faire germer et peu appréciées par le bétail. À la Fedegan (la Fédération Colombienne des Éleveurs), on recommande plutôt de semer des espèces indigènes, faciles à cultiver et beaucoup plus résistantes aux insectes et aux maladies. La découverte du mécanisme de réduction des émissions de N2O n’en reste pas moins prometteuse et permettra certainement de mettre au point rapidement de nouveaux fourrages écologiques.

Pour l’instant, les agriculteurs préfèrent se tourner vers le Lotus uliginosus, une petite légumineuse également utilisée comme plante fourragère, qui réduit la formation de méthane dans les intestins des bovins; tel est le résultat de l'étude dirigée pendant 13 ans par le professeur Edgar Cárdenas, de la Faculté de médecine vétérinaire et zootechnique (FMVZ) de l’Université nationale de Colombie (UNC).

Ces recherches sont menées en partenariat avec l’université de Massey, en Nouvelle-Zélande, le pays d’origine du Lotus uliginosus. Edgar Cárdenas, spécialiste de l’environnement et des GES, explique que le lotus est une plante vivace qu’il est inutile de re-semer d’une année sur l’autre et qui nécessite très peu de fertilisation. Lorsqu’il est ingéré par le bétail, il diminue de manière radicale l’élimination d’azote à travers l’urine ainsi que la libération de méthane au cours de la rumination.

Mieux encore, la protéine du lotus n’est pas dégradée lors de son passage dans l’intestin et permet une augmentation de 5 litres par jour de la production de lait. En outre celui-ci contiendrait 14% de protéines et 11% de graisses en plus.

Seul inconvénient, le développement du lotus nécessite entre six et neuf mois, contre seulement deux ou trois mois pour les autres espèces de plantes fourragères. Cependant, il permet ensuite de générer d’importantes économies en raison de ses faibles besoins en fertilisants, et apporte surtout un bénéfice notable en termes d’émissions de GES.

Edgar Cárdenas exhorte donc les éleveurs colombiens à adopter une vision à long terme, et leur rappelle également que l’arrivée de l’empreinte carbone les obligera de toute façon à contrôler l’alimentation de leur bétail, s’ils veulent conserver leur compétitivité sur les marchés les plus exigeants.

tierramerica.info

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