Les peuples autochtones font reculer l’industrie minière

La décision d’interdire les mines à ciel ouvert à Abra Pampa, petite ville des hauts-plateaux andins, redonne espoir aux partisans d’une loi d’envergure nationale qui mettrait enfin un terme à cette activité, …

Par GVadmin Modifié le 24 juillet 2012 à 16 h 09

La décision d’interdire les mines à ciel ouvert à Abra Pampa, petite ville des hauts-plateaux andins, redonne espoir aux partisans d’une loi d’envergure nationale qui mettrait enfin un terme à cette activité, dont les dangers pour l’homme et pour l’environnement sont depuis longtemps avérés.

Mine à ciel ouvert © Maxim Loskutnikov

Face aux profits générés par les immenses richesses souterraines de l’Argentine, les problèmes de santé et de pollution auxquels sont confrontées les communautés locales ne pèsent généralement pas bien lourd. Pourtant, à Abra Pampa, la persévérance des habitants a fini par payer : cédant à la pression populaire, le maire de la ville s’est vu contraint d’approuver une ordonnance qu’il avait bloquée dans un premier temps en utilisant son droit de veto.

Le texte proposé par le Conseil Départemental des Communautés Kolla (un organisme regroupant 40 communautés autochtones), prévoit l’interdiction de l’établissement, de l’installation ou du fonctionnement d’exploitations minières métallifères à ciel ouvert et/ou d’exploitations minières utilisant des substances chimiques telles que le cyanure, le mercure, l’acide sulfurique ou d’autres substances toxiques similaires au cours de leurs processus de prospection, d’exploration, d’exploitation et/ou d’industrialisation. L’ordonnance rendra également illégales l’utilisation, le stockage, la commercialisation, la production et le transport des substances toxiques utilisées par l’industrie minière.

Malheureusement, à Abra Pampa, les conséquences de ce type d’activité pour les populations locales sont bien connues. Selon une étude menée par l’Université nationale de Jujuy en 2007, du plomb a été retrouvé dans le sang de 81% des enfants de la région. En cause, une colline de 15 000 tonnes de scories abandonnées au beau milieu de la ville par l’entreprise Metal Huasi, qui fondait du plomb sur place jusqu’à sa faillite en 1990.

Malgré les plaintes répétées des organismes sociaux et des communautés indigènes, la 'montagne de plomb' est toujours là, vingt ans plus tard. Ce métal lourd est connu pour provoquer des retards de la puberté, des problèmes de vue, d’apprentissage, et pour perturber la fonction motrice.

En 2009, la Clinique des droits de l’homme de l’Université du Texas a procédé à une enquête et a conclu que la négligence gouvernementale s’était traduite par une violation des droits de l’homme.

Pour les 13 000 habitants d’Abra Pampa, petite bourgade située à 3 500 mètres d’altitude, l’entrée en vigueur de la nouvelle ordonnance représente une véritable avancée, fruit d’un long combat. Abra Pampa devient ainsi la quatrième ville du pays à interdire les mines à ciel ouvert, malgré la pression du lobby minier. Le Congrès national attend à présent trois projets de lois qui pourraient déboucher sur l’interdiction totale de ce type d’exploitation sur l’ensemble du territoire argentin.

Aucun commentaire à «Les peuples autochtones font reculer l’industrie minière»

Laisser un commentaire

* Champs requis

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.