Les indices ‘verts’ sont dans le rouge

Les indices ‘développement durable’ se multiplient au sein des bourses du monde entier, mas ne parviennent pas à offrir un retour sur investissement aux actionnaires. Leurs défenseurs promettent que, un jour, les bénéfices viendront.

Par GVadmin Modifié le 20 juillet 2012 à 16 h 02

Les indices 'développement durable' se multiplient au sein des bourses du monde entier, mais ne parviennent pas à offrir un retour sur investissement aux actionnaires. Leurs défenseurs promettent que, un jour, les bénéfices viendront.

© Roman Sigaev

Malgré son apparition récente dans le jargon financier, investir de façon 'éthique et responsable' est une pratique ancienne. Au 18ème siècle, les quakers du Nord-Est des États-Unis condamnaient l’investissement dans le commerce des esclaves. Le régime de l’Apartheid a amené la communauté internationale à boycotter l’économie sud-africaine, au cours de la plus célèbre campagne globale d’investissement éthique du 20ème siècle.

Ensuite, viendront les rejets des industries considérées nocives, comme celles du tabac et des armes. La popularisation des idées actuelles du développement durable est un mouvement qui possède aujourd’hui une dimension non négligeable puisque plus de 50 indices d’actions dans le monde suivent les performances d’entreprises dites de 'l’économie verte'. 
Le programme Principes pour un Investissement Responsable, lancé par l’ONU en 2003, compte aujourd’hui 871 signataires de 45 pays. Les participants possèdent environ 20 000 milliards d'US$ d’actifs en gestion, soit presque 1/5ème du volume généré dans le monde. La thèse qui motive ces investisseurs n’a rien de philanthropique — pour eux, les entreprises durables sont moins risquées et possèdent un potentiel de bénéfices supérieurs.

Malheureusement, la réalité est légèrement différente. Une étude faite par le magazine EXAME montre que, ces 5 dernières années, les principaux indices 'verts' dans le monde ont connu des performances inférieures à celles des indices de références sur leurs marchés respectifs. Ce fut le cas aux États-Unis, en Angleterre, au Brésil et en Afrique du Sud. Certes les performances furent légèrement inférieures, mais elles ne sont pas désastreuses pour autant.

Une étude de l’Université de Regensburg, en Allemagne, a comparé un portefeuille composé de 755 actions d’entreprises issues d’industries mal vues par la société — pornographie, alcool, jeux, énergie nucléaire, tabac et armes — avec les plus importants indices internationaux d’investissement socialement responsable entre 1995 et 2007. Les chercheurs n’ont relevé aucune différence significative dans les résultats financiers de ces 2 portefeuilles.

Depuis 1999, le nombre d’indices formés par des compagnies suivant des politiques de développement durable est passé de 1 à plus de 50. Il existe des indices de développement durable dans chacune des principales bourses du monde. La bourse de São Paulo a été la 4ème au monde à lancer un portefeuille de ce genre, l’Indice de Sustentabilidade Empresarial (ISE, Indice de Développement Durable des Entreprises), fin 2005. Il existe au Brésil 11 fonds d’actions regroupant des sociétés qui appliquent des politiques de développement durable, totalisant un patrimoine de plus de 1 milliard de reais (430 millions d’euros) et presque 4 000 actionnaires. Ceux-ci ne semblent pas inquiets des performances inférieures à celle de la bourse classique (indice IBOVESPA).

Nos clients veulent changer le monde

..., dit Antonio Segura, gérant de fonds au Banco do Brasil.

Nous avons de plus en plus de jeunes dans les agences, et ils souhaitent investir de façon responsable.

Il faut cependant prendre garde à la composition de ces portefeuilles durables. Les bourses n’interdisent pas la participation d’entreprises considérées comme polluantes dans l’indice. Par exemple, ConocoPhillips, une des plus grandes entreprises pétrolières américaines, est une des 15 sociétés du Dow Jones Sustainability Index.

Au Brésil, six nouvelles entreprises ont été admises dans l’indice durable en janvier, parmi elles Vale (extraction de minerais). Pour les entreprises, le label de 'développement durable' représente un gain d’image évident.

Les entreprises les plus durables finiront par être les plus valorisées

..., assure Vania Somavilla, directrice du développement durable de Vale. Mais quand cela se produira-t-il ?
Après cinq années passées à attirer les nouveaux participants, l’objectif principal est désormais d’atteindre une bonne rentabilité. Et les spécialistes assurent qu’il sera de plus en plus difficile d’obtenir une rentabilité inférieure à celle de l’indice classique.

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