Les Bushmen du désert du Kalahari ont des leçons à nous donner

Selon James G. Workman, les sociétés développées devraient s’inspirer du système ancestral des Bushmen d’Afrique Australe pour apprendre à vivre dans le monde aride qui sera le nôtre demain …

Par GVadmin Modifié le 26 juillet 2012 à 16 h 15

Selon James G. Workman, un écrivain qui collabore avec l’Union mondiale pour la nature (UICN) depuis plus de dix ans, les sociétés développées devraient s’inspirer du système ancestral des Bushmen d’Afrique Australe pour apprendre à vivre dans le monde aride qui sera le nôtre demain.

James G. Workman, auteur de Heart of Dryness. © James G. Workman

Pourquoi cet intérêt pour l’eau ?

En tant que journaliste, j’ai l’habitude de remonter à la source. Or, l’eau baigne notre cerveau et notre système sanguin, notre nourriture, notre électricité et nos politiques. Quand je grandissais aux Etats-Unis, j’ai été marqué par une sécheresse qui était plus puissante que notre gouvernement. L’eau reste le mystère ultime. C’est une force primale qui vous connecte à la nature. Notre accès à l’eau forge notre vie, le lieu où nous vivons, et de plus en plus, guide notre survie. C’est aussi une arme utilisée par certains pouvoirs pour contrôler les faibles.

Vous présentez les Bushmen du désert du Kalahari au Botswana comme un modèle pour survivre au manque d’eau. Mais les différences culturelles entre eux et des sociétés plus développées semblent énormes – comment les surmonter pour les laisser nous guider ?

Les Bushmen habitent le Kalahari, l’endroit le plus éloigné d’une rivière. Même si nous ne pouvons pas tous nous mettre à les imiter, il faut reconnaître que leur code de conduite marche mieux que le nôtre. Notre  société soi-disant plus "développée" continue à irriguer les déserts, à vider les nappes phréatiques, à amputer des cours d’eau, à mélanger l’urine et les selles à l’eau du robinet, à détruire les rivières rapides, chères aux saumons, avec des barrages, et à laisser s'évaporer plus d’eau que ce que nous consommons. Selon le Forum économique mondial ou la firme Goldman Sachs, à cause de tout ce gaspillage d’eau, nous sommes désormais nez au mur. Bloqués, comme la croissance. Et bien, les Bushmen vivent avec ce mur depuis 30.000 ans. Leurs stratégies ancestrales nous montrent une approche plus douce, et elles le font dans les rires et les danses.

Le manque d’eau ne semble pas avoir d’écho dans les esprits. Comment lier réchauffement climatique, raréfaction de l’eau et survie de notre civilisation ?

Même si nous arrêtions aujourd’hui toutes les émissions de gaz à effet de serre, le monde continuerait de se réchauffer, avec pour conséquences de grands déluges et des sécheresses plus longues et plus chaudes. Les inondations ne nous laissent pas faire de réserves suffisantes. Tout cela affecte l’irrigation, et diminue les provisions de nourriture. Le manque d’eau touche aussi la production d’énergie. Par conséquence, l’adaptation aux nouvelles conditions climatiques est en fait simplement une évolution de l’homme vis-à-vis de l’eau. Et aucune civilisation n’est mieux adaptée à faire plus avec moins d’eau que les Bushmen du Kalahari.

Mais est-ce que les pays développés ont des problèmes d’eau ?

Personne n’est à l’abri. Nous vidons nos nappes phréatiques pour nos biocarburants, les mines ou l’exploitation pétrolière. Ce sont les exploitations agricoles qui en pâtissent. Une sécheresse en Amérique, en Australie ou en Chine réduit les quantités de maïs, de blé ou de riz sur les marchés ; les prix montent. Tout le monde est touché. Les voisins commencent à se quereller. Des traumatismes comme le 11 septembre 2001 ou l’ouragan Katrina révèlent la fragilité des gouvernements mais aussi la force des gens qui travaillent ensemble. Les sécheresses, au contraire, nous séparent. Elles nous obligent à nous rationner et à restreindre nos vies, à moins d’adapter une approche de Bushmen.

Il faut donc défendre l’accès à une portion d’eau sure et équivalente pour chaque individu, comme les Bushmen. La personne peut l’utiliser, l’économiser ou l’investir comme elle le souhaite. Cela protègera notre économie et la rendra plus efficace.

James G. Workman a écrit Heart of Dryness: How the Last Bushmen Can Help Us Endure the Coming Age of Permanent Drought(Au cœur du manque d’eau: comment les derniers Bushmen peuvent nous aider à traverser la période de sécheresse permanente qui arrive) (non disponible en Français).

iucn.org

Pour plus d'information, retrouvez l'interview complète de James G. Workman :

(version anglaise)

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