Le pays a reçu, maintenant il donne

Signe que les temps changent et que la situation économique et géopolitique du Brésil a amorcé un virage depuis quelques années, le pays a laissé derrière lui l’époque où il était assisté pour devenir un pays donateur.

Par GVadmin Modifié le 27 juillet 2012 à 14 h 32

Signe que les temps changent et que la situation économique et géopolitique du Brésil a amorcé un virage depuis quelques années, le pays a laissé derrière lui l’époque où il était assisté, notamment par le FMI, pour devenir un pays donateur.  Même si ses ressources ne sont pas encore significatives, comparées à celles que le monde industrialisé accumule, la coopération internationale du Brésil a considérablement augmenté ces dernières années.

Le prêt en savoir-faire

L’aide a doublé de 2007 à 2008, puis triplé en 2009 et 2010, atteignant 50 millions de US$. C’est encore peu, mais c’est un effort important et symbolique. Contrairement aux pays riches qui laissent habituellement les projets aux mains de tiers spécialistes en coopération, comme des ONG ou des sociétés de conseil, l’aide brésilienne est personnalisée.

La coopération technique internationale en est un des volets. Elle se destine pour moitié à l’Afrique, et pour autre moitié aux voisins d’Amérique Latine. Elle consiste en un transfert de technologies des politiques publiques qui ont obtenu du succès au Brésil. Des techniciens spécialistes en agriculture, santé, gouvernance et éducation, sont envoyés en mission. Cette forme de coopération Sud-Sud, basée sur la solidarité, a été initiée par le Président Lula et continue avec Dilma Roussef.

Soutient de l'ONU

Devant ces avancées, le Programme Alimentaire Mondial (PAM) a décidé d’ouvrir un bureau au Brésil. Cette agence spécialisée de l’ONU mettra en place un Centre d’Excellence pour l’Alimentation scolaire, la Nutrition et la Sécurité alimentaire, qui sera financé par le Ministère de l’Education pendant les deux premières années, et est déjà considéré comme un emblème de coopération par les autorités brésiliennes.

Le directeur du PAM estime que le Brésil possède toute "l’autorité morale" pour mener à bien le programme après ses bons résultats obtenus en matière de nourriture scolaire (47 millions d’élèves bénéficiaires), et ses actions d’incitation en faveur de l’agriculture familiale et la sécurité alimentaire. Les dons du Brésil sur ce programme se sont inversés "drastiquement". Donneur pour le première fois en 2008 avec 1 million de US$, le pays va donner 27 millions cette année.

Prêt contre prestige

Un intérêt politique de “prestige” international mais qui ne signifie pas un intérêt d'“intervention politique”. Il s’agit d’une assistance sans conditions, par des politiques construites ensemble avec les gouvernements concernés, d’après le porte-parole du ministère.

Pour le Brésil, coopérer "donne de l’influence et du prestige international", parce que c’est un instrument de séduction et de “conviction”, et parce que le pays bénéficiaire veut “imiter le modèle du pays qui l’aide”. L’absence de lien avec le secteur privé dans ce type de coopération évite tout risque de conflit d’intérêts. Notamment dans le cas de crédits octroyés par la Banque Nationale de Développement Economique et Social (BNDES).

La voie d'un siège permanent au conseil de sécurité de l'ONU ?

Rubens Barbosa, de la Fédération des Industries de l’Etat de São Paulo (FIESP), affirme que les prêts aux pays en développement du BNDES ont dépassé les 3,5 milliards de US$ entre 2008 et début 2010, principalement pour des entreprises ou associations brésiliennes désireuses de s’implanter à l’étranger.

On ne cache cependant pas que le Brésil possède d’autres objectifs en termes de politique étrangère, et notamment l’obsession de Lula dans sa quête d’un siège permanent au Conseil de Sécurité de l’ONU. D’autre part, il existe une volonté légitime "d’ouverture de marchés pour les entreprises de services brésiliennes dans le contexte de concurrence mondiale, notamment avec la Chine".

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